Grégoire Ier Pape de l'Église catholique Francisco de Zurbarán, 1626-1627 huile sur toile The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH.
Le pape Grégoire Ier http://pro.corbis.com/popup/Enlargement.aspx?mediauids={5316c2a1-24ae-4673-b8db-12b8fffcd6e0} Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Il avait coutume de ne penser qu'aux choses célestes ; retenu dans les liens du corps, il affranchissait par la contemplation les obstacles de la chair, et la mort même qui, pour presque tous, est un châtiment, il l’aimait comme l’entrée de la vie et la récompense de son labeur. » Enfin il affligea sa chair par de telles macérations que c'était à peine si, avec un estomac délabré, il pouvait subsister, et la perte de la respiration, nommée syncope par les Grecs, le jetait dans de telles angoisses qu'il était réduit à la dernière extrémité pendant des heures entières. Il arriva une fois, comme il écrivait dans le monastère où il était abbé, qu'un ange du Seigneur se présenta à lui sous les traits d'un naufragé, demandant avec larmes qu'on eût pitié de lui. Grégoire lui fit donner six deniers d'argent; après quoi le mendiant s'en alla. Il revint une seconde fois le même jour, et dit qu'il avait beaucoup perdu, mais qu'il avait reçu trop peu. Le saint lui fit donner la même somme d'argent; une troisième fois il revient et demande avec des clameurs importunes qu'on ait pitié de lui. Mais saint Grégoire, informé par le procureur de son monastère, qu'il n'y avait rien à donner qu'une écuelle d'argent que sa mère avait coutume d'envoyer pleine de légumes et qui avait été laissée au monastère, il la fit aussitôt donner. Le pauvre la prit et s'en alla. tout joyeux. Or, c'était un ange du Seigneur qui se fit connaître lui-même dans la suite.
* Tous les faits consignés dans cette légende sont extraits de ces deux vies.
Un jour, saint Grégoire passant sur le marché de Rome, vit quelques enfants très bien constitués, beaux de figure, et remarquables par l’éclat de leur chevelure ; ils étaient à vendre. Il demande au marchand de quel pays il les a amenés,
« De la Bretagne, répondit-il, dont les habitants sont de semblable beauté. »
Il l’interroge de nouveau, s'ils sont chrétiens.
Le marchand lui répond : « Non, mais ils sont retenus dans les liens du paganisme. »
Alors saint Grégoire gémit avec amertume et dit : « Oh! quelle douleur ! que de belles figures possède encore le prince des ténèbres ! »
Il demande de nouveau quel est le nom de ce peuple. « Ils se nomment Anglais, dit-il. »
« Ils sont bien nommés Anglais, comme on dirait Angéliques, reprit-il; car ils ont des visages d'anges. »
Il lui demanda encore comment se nommait la province d'où ils étaient.
Le marchand répondit : « Ils sont Décriens *. »
« Ils sont bien nommés, dit saint Grégoire, car les Décriens, doivent être délivrés de l’ire de Dieu. »
Il s'informa du nom du roi. Le marchand dit qu'il s'appelait Aelle.
Et Grégoire dit : « Il est bien nommé Aelle, parce qu'en son pays il faut qu'on chante alleluia. »
Il alla aussitôt trouver le souverain Pontife et lui demanda avec grandes instances et prières qu'on l’envoyât pour convertir ce pays, ce qu'il eut de la peine à obtenir : Il s'était déjà mis en chemin quand les Romains, extrêmement affligés de son départ,, allèrent trouver le pape, et lui parlèrent ainsi:
« Vous avez offensé saint Pierre, vous avez détruit Rome; vous avez fait partir Grégoire. » Le pape effrayé dépêcha à l’instant des courriers pour le rappeler. Grégoire avait déjà fait trois journées de chemin ; il s'était arrêté en un endroit où, pendant que ses compagnons se reposaient, il fit une lecture; alors une locuste ou sauterelle l’empêcha de continuer sa lecture, et ce mot de locuste lui fit penser que c'était un ordre qui lui était donné de rester en ce lieu; éclairé par un esprit prophétique, il engage ses compagnons à partir au plus tôt, quand arrivent les courriers apostoliques qui ordonnent à Grégoire de revenir, quoiqu'il en fût fort attristé. Alors le pape l’arracha de son monastère, et l’ordonna son diacre cardinal.
* La partie de la Grande Bretagne au nord du fleuve Humber était divisée en deux provinces : la Décrie et la Bernicie. La Décrie allait de l’Humber à la Tyne et; la Bernicie de la Tyne au Forth. L'un et l’autre pays avaient chacun un roi. Cf. Bède, Guillaume de Malmesbyres.
Gregory (later, Gregory the Great and Pope Gregory I) conversing with English slaves in Rome 1864 Edmund Evans (1826–1905) Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Le fleuve du Tibre étant sorti de son lit déborda tellement qu'il coulait: par-dessus les murs de la ville et renversait une quantité de maisons. Mais avec les eaux du Tibre descendirent en mer beaucoup de serpents: et un grand dragon, qui, étouffés par les flots et jetés sur le rivage, corrompirent l’air par leur pourriture. Il en résulta une peste affreuse, de la nature de celle qui attaque l’aine, en sorte qu'il semblait que l’on voyait réellement des flèches tomber du ciel et frapper chaque particulier. Le premier atteint fut le pape Pelage, qui fut emporté en un moment : et bientôt le mal fit de tels ravages dans le peuple que beaucoup de maisons de la ville restèrent vides par la mort de leurs habitants. Comme l’Eglise de Dieu ne pouvait rester sans chef, le peuple entier élut Grégoire, malgré toutes les résistances possibles de la part du saint. Il n'était pas encore sacré quand la peste ravageait la population : il fit alors un sermon au peuple, ordonna une procession, où il institua de chanter les Litanies, et avertit tous les fidèles de prier Dieu avec plus de ferveur que jamais. Au moment donc où le peuple était rassemblé pour les prières, le fléau fut si violent, qu'en une heure, périrent quatre-vingt-dix personnes. Mais cela ne l’empêcha pas de continuer à exhorter le peuple qu'il eût à ne pas se lasser de prier, jusqu'à ce que la miséricorde de Dieu éloignât, la peste. La procession finie, il voulut s'enfuir, mais il ne le put, parce que, par rapport à lui, il y avait jour et nuit des gardes apostés aux portes pour le, surveiller. Cependant, il changea de vêtement, et de concert avec certains négociants, il se cacha dans un tonneau et obtint d'eux qu'ils le sortiraient ainsi de. la ville sur une voiture. Il gagna de ,suite une forêt, y chercha une caverne pour s'y cacher, il y resta enfermé trois jours. On se mit activement à sa recherche, quand une colonne de feu partant du ciel descendit sur l’endroit où il était caché : et sur cette colonne, un reclus vit des anges qui montaient et qui descendaient ; aussitôt le peuple se saisit de lui, le traîne, et il est sacré souverain Pontife. Il suffit de lire ses écrits, pour se convaincre que ce fut malgré lui qu'il fut élevé à ce haut rang d'honneur.
Nuremberg Chroniques 1493 Auteur Michel Wolgemut, Wilhelm Pleydenwurff (Text: Hartmann Schedel) Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
En effet voici comment il s'exprime dans une épître au patrice Narsès : « Pendant que vous décriviez si exactement les douceurs, de la contemplation, vous faisiez renaître en moi les gémissements que j'ai donnés à ma ruine; car j'ai su ce que j'ai perdu de calme intérieur, lorsque, sans aucun mérite de ma part, j'ai été élevé au comble de la puissance. Or, sachez que, je suis frappé d'une douleur telle que c'est à peine si je puis la dire. Ne m’appelez donc pas Noémi, c'est-à-dire beau, mais appelez-moi mara, parce que je suis tout marri. »
Il dit encore ailleurs : « Si vous m’aimez, pleurez-moi en apprenant que j'ai été élevé au souverain Pontificat; je pleure moi-même sans relâche, et vous conjure de vouloir prier Dieu pour moi. » Voici ce qu'on lit dans la préface de ses Dialogues : « A l’occasion de la charge pastorale, mon esprit souffre de s'occuper des affaires séculières, et sali par la poussière des actions de la terre, il regrette la beauté qu'il avait au temps de son repos. J'examine ce que j'endure, j'examine ce que j'ai perdu : et quand je vois ce que j'ai perdu, ce que j'endure me paraît encore plus pénible : me voici battu par les flots d'une vaste mer, et dans le vaisseau de mon âme, je suis brisé par les fureurs d'une affreuse tempête; quand je regarde en arrière dans ma vie, je soupire comme si je tournais les yeux vers le rivage qui me fuit. »
Comme la peste dont il a été parlé plus haut exerçait encore ses ravages dans Rome, il ordonna qu'on ferait, au. temps de Pâques, comme de coutume, une procession autour de la ville en chantant les litanies ; on y porta en avant avec grande révérence l’image de la bienheureuse Marie toujours Vierge, qui est à Rome dans l’Eglise de Sainte-Marie-Majeure et qu'on dit avoir été peinte avec une ressemblance parfaite, par saint Luc, médecin et peintre excellent; et voilà que l’air , corrompu et infecté s'écartait pour faire place à l’image, comme s'il n'en pouvait supporter la présence : En sorte qu'en arrière du tableau restait une merveilleuse sérénité et l’air reprenait toute sa pureté. On rapporte qu'alors, on entendit dans les airs les voix des anges, qui chantaient vis-à-vis de l’image : « Regina caeli laetare, alleluia, quia quem meruisti portare, alleluia, resurrexit, sicut dixit, alleluia. Reine du ciel, réjouissez-vous, alléluia; car celui que vous avez mérité de porter; alléluia, est ressuscité, alléluia. » A quoi saint Grégoire ajouta à l’instant ces mots : « Ora pro nobis Deum, alleluia. Priez Dieu pour nous, alléluia. » Alors saint Grégoire vit, sur le château de Crescentius, l’ange du Seigneur essuyant un glaive ensanglanté qu'il remit dans le fourreau saint Grégoire comprit alors que la peste avait cessé et c'est en effet ce qui arriva, ce château reçut depuis le nom de château Saint-Ange. Enfin, dans, le but d'accomplir ce qui avait toujours fait l’objet de ses désirs, saint Grégoire envoya Augustin, Mellitus et Jean avec quelques autres en Angleterre, dont les habitants furent convertis à la foi, par ses prières et ses mérites.
L'humilité de saint Grégoire était si profonde qu'il ne souffrait aucune louange de qui que ce fût : Il écrivit en effet en ces termes à l’évêque Etienne qui l’avait loué : « Dans la lettre que vous m’avez adressée; vous avez usé d'une bienveillance dont je suis tout à fait indigne; et cependant il est écrit : « Ne louez personne de son vivant. » Quoique je n'aie pas mérité tout ce qu'il vous a plu de dire de moi, je vous prie de m’en rendre digne par vos prières, afin qu'ayant dit de moi un bien qui n'existe point, il y soit dorénavant parce que vous avez dit qu'il y est. » Il écrit encore au patrice Narsès : « Il y a des pensées fines et des passages intéressants dans vos lettres où vous jouez sur ma cause et sur mon nom. Certes, très cher frère, vous appelez Lion, celui qui n'est qu'un singe; nous parlons ainsi quand nous appelons de petits chats galeux des léopards ou des tigres. » Et dans sa lettre à Anastase, patriarche d'Antioche : « Vous m’appelez la bouche du Seigneur, vous dites que je suis une lumière, vous avancez que, par mes paroles, je puis être utile à beaucoup, je puis les éclairer; vraiment, je vous avoue que vous me faites bien douter de l’estime que vous avez conçue de moi. Je considère en effet quel je suis et je ne trouve trace de ce que vous y voyez. Je considère qui vous êtes, et je rie pense pas que vous puissiez mentir. Or, quand je veux croire ce que vous dites, ma misère me dit le contraire; lorsque je veux discuter ce qui est dit à ma louange, vôtre sainteté me contredit : mais, je vous en prie, saint homme, qu'il y ait pour nous quelque profit de cette querelle, et que si ce que vous dites n'existe pas:, que cela existe parce que vous le dites. » Tous les termes qui sentaient la jactance et la vanité, il les repoussait avec mépris; aussi écrit-il en ces termes à Euloge, patriarche d'Alexandrie, qui l’avait appelé pape. Universel : « En vedette de la lettre que vous m’avez adressée, vous avez cru devoir vous servir d'une expression qui renferme une appellation orgueilleuse en me disant pape universel. Ce que je demande, c'est que votre sainteté ne le fasse plus à l’avenir; car c'est vous ôter à vous-même que d'accorder à un autre plus que la raison n'exige. Pour moi, je ne cherche pas à être relevé par des mots, mais par des moeurs, et je ne regarde pas comme un accroissement de gloire, ce qui m’exalte au dépens de mes frères. Loin donc les paroles qui enflent la vanité et blessent la charité. » Et pour ce que Jean, évêque de Constantinople, s'était attribué ce titre de vanité en se faisant appeler frauduleusement pape universel parle synode, saint Grégoire entre autres choses écrit cela de lui : « Quel est cet homme, qui, malgré les ordonnances de l’Evangile, contre les décrets des canons, a la présomption d'usurper pour lui un nom nouveau, comme le ferait quelqu'un qui, sans vouloir rabaisser autrui, veut être seul au-dessus des autres quand il aspire à être universel ?» Il ne voulait même pas se servir du mot ordre, dans ses rapports avec ses co-évêques, ce qui lui fait dire dans une lettre à Euloge, évêque d'Alexandrie : « Votre charité me parle en ces termes : comme vous l’avez ordonné; ne vous servez pas avec moi de ce mot: ordre, parce que je sais qui je suis et qui vous êtes : vous êtes mes frères par la place que vous occupez, et vous êtes mes pères par votre conduite. » Il poussait encore l’humilité qui le distinguait, jusqu'à ne vouloir pas que les dames se nommassent ses servantes. C'est pourquoi il écrit à Rusticane, de famille patricienne : « Je n'ai qu'une chose à relever dans votre lettre, c'est que vous répétez trop souvent ce qui pouvait n'être dit qu'une fois : votre servante et encore votre servante. Ma charge d'évêque m’a rendu le serviteur de tous, pourquoi donc vous dire ma servante? moi qui avant de recevoir l’épiscopat vous ai appartenu. Ainsi, je vous, en prie par le Dieu tout-puissant, ne me faites plus lire de pareilles expressions dans vos lettres. » Ce fut le premier qui dans ses épîtres se nomma le serviteur: des serviteurs de Dieu, et il établit que ses successeurs s'appelleraient ainsi. De son vivant, par excès d'humilité, il ne voulait publier aucune de ses œuvres, et il trouvait que ses livres ne valaient rien en comparaison de ceux des autres: ce qui le fit écrire en ces termes à Innocent, gouverneur d'Afrique : « Au sujet de la demande que vous nous adressez de vous envoyer l’Exposition sur Job, nous partageons la joie que vous retirez de vos études ; mais si vous voulez nourrir votre esprit d'une substance délicieuse, lisez les opuscules: de votre compatriote le bienheureux Augustin ; ne préférez pas notre son à son froment, car, je ne veux pas, tant que je vivrai, faire connaître aux hommes ce que j'ai pu avoir écrit. »
Quatre docteurs de l'Église représentés avec les attributs des quatre Évangélistes : saint Augustin avec un aigle, saint Grégoire le Grand avec un taureau, saint Jérôme avec un ange, saint Ambroise avec un lion ailé. Bois peint (peuplierà, daté et signé : « PETRI FRANCISCI / SACHI DE PAPIA / OPUS 1516". » Pier Francesco Sacchi (ca. 1485–1528) H. 1.96 m (77 in.), W. 1.68 m (66 in.) Musée du Louvre Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
On lit dans un livre traduit du grec en latin qu'un saint père, nommé l’abbé Jean, vint à Rome pour visiter les églises des apôtres; et qu'en voyant passer au milieu de la ville le bienheureux pape Grégoire, il voulut aller à sa rencontre et lui faire révérence, comme cela était convenable; mais saint Grégoire, le voyant se disposer à se prosterner en terre, se hâta de se prosterner lui-même devant lui et ne se releva que quand l’abbé en eut fait autant le premier; ceci met en relief sa grande humilité. Il usait de tant, de largesse en ses aumônes qu'il ne fournissait pas le nécessaire seulement à ceux qui étaient près de lui, mais encore à ceux qui en. étaient éloignés, par exemple, aux moines du mont Sinaï : il avait par écrit les noms de tous les indigents et il subvenait à leurs besoins avec une grande libéralité. Il fonda un monastère à Jérusalem et il eut soin, qu'on envoyât aux serviteurs de Dieu qui l’habitaient tout le nécessaire : il offrait annuellement quatre-vingts livres d'or pour les dépenses quotidiennes de trois mille servantes de Dieu : chaque jour encore, il invitait à sa table tous les pèlerins. Entre autres, il en vint un jour un auquel saint Grégoire voulait servir de l’eau pour laver ses mains, il se retournait pour prendre le vase quand tout à coup il ne trouva plus celui sur les mains duquel il voulait verser l’eau. Or, après avoir admiré à part lui cette étrangeté, cette nuit-là même, le Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Les autres jours, vous m’avez reçu dans la personne de ceux qui sont mes membres, mais" hier c'est moi que vous avez reçu en personne. » Une autre fois il commanda à son chancelier d'inviter à son repas douze pèlerins. Le chancelier alla exécuter ses Ordres. Alors qu'ils étaient ensemble à table, le pape regarda et en compta treize ; il demanda au chancelier pourquoi il avait pris sur lui d'inviter contre ses ordres ce nombre de personnes. Le chancelier compta lui-même et n'en trouvant que douze il dit: « Croyez-moi, mon Père, ils ne sont que douze. » Saint Grégoire remarqua que celui qui était assis à côté de lui changeait de figure à chaque instant, que tantôt c'était un jeune homme, tantôt un vieillard vénérable à tète blanche. Le repas fini, il le conduisit à sa chambre et le conjura de vouloir bien lui dire son nom et qui il était. Celui-ci répondit : « Pourquoi me demandez-vous mon nom qui est admirable? Apprenez pourtant que je suis le naufragé auquel vous avez donné une écuelle d'argent que votre mère vous avait envoyée avec des légumes, et tenez pour certain, qu'à dater de ce jour où vous m’avez fait l’aumône, le Seigneur vous a destiné à devenir le chef de son Eglise et le successeur de l’apôtre saint Pierre. » Grégoire lui dit : « Et comment savez-vous que dès lors le Seigneur me destina à gouverner son Eglise? » Il répondit . « Parce que je suis son ange et le Seigneur m’a fait revenir chez vous pour être occupé à vous garder et pour pouvoir obtenir de lui tout ce que vous lui demanderez par mon entremise. » A l’instant il disparut.
Jerome & Gregory. XVe siècle Antonio Vivarini (1420–1484) Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
En ce temps-là un ermite, homme de grande vertu, avait tout quitté pour Dieu, et ne possédait rien qu'une chatte qu'il caressait souvent et qu'il réchauffait sur son giron comme sa compagne. Or, il pria Dieu de daigner lui montrer avec qui il pourrait espérer partager la demeure éternelle, lui qui, pour son amour, ne possédait rien des richesses du siècle. Il lui fut donc révélé une nuit qu'il avait lieu d'espérer de demeurer avec Grégoire, pontife romain. Alors il se mit à gémir en pensant que sa pauvreté volontaire lui avait servi de peu, puisqu'il devait être récompensé avec quelqu'un qui nageait dans l’abondance de toutes les richesses du monde. Or, comme il comparait jour et nuit en pleurant les richesses de Grégoire avec sa pauvreté, une autre nuit, il entendit le Seigneur lui dire : « Comme ce n'est pas la possession des richesses, mais la convoitise qui font le riche, pourquoi oses-tu comparer ta pauvreté avec les richesses de Grégoire? tu te complais plus dans l’amour de cette chatte que tu possèdes, que tu caresses tous les jours, que lui au sein de ses richesses : il ne les aime pas, mais il les méprise et les distribue bénévolement à tout le monde. » Ce solitaire rendit grâces à Dieu et celui qui avait cru son mérite rabaissé d'être en (336) société avec Grégoire, se mit à prier pour qu'il méritât d'avoir un jour une place auprès de lui.
Saint Grégoire avait été faussement accusé auprès de l’empereur Maurice et de. ses fils d'avoir fait mourir un évêque; il écrivit ainsi une lettre qu'il adressa à l’apocrisiaire : « Il est une chose que vous pouvez suggérer brièvement à mes maîtres, c'est que si j'avais voulu m’occuper de causer la mort et de nuire aux Lombards, aujourd'hui ? nation des lombards n'aurait ni roi, ni duc, ni comtes, et serait dans une grande confusion, mais parce que je crains Dieu, j'appréhende de chercher à perdre n'importe quel homme. » Son humilité était si grande que, tout souverain pontife qu'il fut, il se disait le serviteur de l’empereur, et l’appelait son maître. Il était inoffensif, à un tel point qu'il ne voulait pas consentir à la mort de ses ennemis: Alors que l’empereur Maurice persécutait saint Grégoire et l’Eglise de Dieu, ce saint lui écrivit entre autres choses : « Parce que je suis pécheur, je crois que vous apaisez d'autant plus Dieu que vous m’affligez, moi, qui le sers si mal. » Une fois, un personnage, revêtu d'an habit de moine, se présenta hardiment avec une épée nue à la main en présence de l’empereur, et la brandissant contre lui, il lui prédit qu'in mourrait par l’épée. Maurice effrayé cessa de persécuter Grégoire, et lui demanda instamment de prier pour lui afin que Dieu le punît en cette vie de ses méfaits et qu'il n'attendît pas à le châtier au dernier jugement. Une fois, Maurice se vit cité devant le tribunal du juge, et entendit crier : « Amenez Maurice. » Et les ministres se saisirent de lui et le placèrent en (337) présence du juge qui lui dit : « Où veux-tu que je te rende les maux que tu as commis en ce siècle ? » Maurice répondit.: « Ici plutôt, Seigneur, et ne me les, réservez pas pour le siècle futur. » Aussitôt la voix divine commanda que Maurice, sa femme, ses fils et ses filles fussent livrés au soldat Phocas pour être mis à mort. Ce qui arriva en effet. Peu de temps après, un de ses soldats, appelé Phocas, le tua avec toute sa famille par l’épée, et lui succéda à l’empire.
Glass inlay mosaic — Saints Augustine and Gregory, "Non Angli sed Angeli si Christiani..." At Chapel of St Gregory and St Augustine, Westminster Cathedral — London.Travail personnel de User:FA2010 sur Wikimédia Commons
Le jour de Pâques, saint Grégoire célébrait la Messe à Sainte-Marie-Majeure; et au Pax Domini un ange du Seigneur répondit tout haut: Et cum spiritu tuo. En témoignage de ce prodige, le pape fait station, au jour de Pâques, en cette église, et on ne lui répond pas encore au Pax Domini.
Comme l’empereur Trajan partait en toute hâte pour livrer une bataille, une veuve éplorée vint le trouver et lui dire : « Je vous demande en grâce qu'il vous plaise venger le sang de mon fils qui a été tué injustement. » Alors Trajan promit de le venger, s'il revenait sauf. La veuve lui dit : « Et qui pourra me le faire, si vous mourez à la bataille? » Trajan répondit : « Celui qui après moi sera empereur. » La veuve reprit : « A quoi cela vous profitera-t-il, qu'un autre me fasse justice ? » Trajan dit : « Arien certainement. » « Alors, dit la veuve, ne vaudrait-il pas mieux que vous me fassiez justice et que vous en receviez récompense, que de la laisser à faire. à un autre? » Trajan donc, ému de pitié, descendit de cheval, et vengea à l’instant même la mort de cet innocent. On rapporte encore que le fils de Trajan, chevauchant par la ville, (338) d'une façon trop lascive, tua le fils d'une veuve; celle-ci, toute en pleurs, alla rapporter le fait à Trajan ; l’empereur lui livra son fils, l’auteur du meurtre, à la place de l’enfant mort, et il le dota richement. Or, une fois que, longtemps après la mort de Trajan, saint Grégoire passait sur la place Trajane en pensant à la mansuétude de Trajan quand il jugeait une affaire, il entra dans la basilique, de Saint-Pierre et se mit à pleurer très amèrement sur les erreurs de ce prince. Lors il lui fut répondu miraculeusement : « Voici que j'ai fait droit à ta requête, et j'ai délivré Trajan de la peine éternelle, mais dorénavant, garde-toi bien d'adresser des prières pour un damné. » Le Damascène raconte, en un de ses sermons, que saint Grégoire, priant pour l’âme de Trajan, entendit une voix du ciel lui parlant ainsi : « J'ai entendu ta voix et je donne grâce à Trajan. » De ce fait, ajoute-t-il au même endroit, tout l’orient et, tout l’occident en sont témoins. Sur cela, quelques-uns ont dit que Trajan a été rappelé à la vie, et qu'ayant acquis des grâces, il mérita son pardon et obtint ainsi la gloire, et qu'il n'avait. pas été finalement mis en enfer, ni condamné par une sentence définitive. D'autres ont prétendu que l’âme de Trajan ne fut pas simplement délivrée de la peine éternelle qu'il avait méritée, mais que cette peine fut suspendue pour un temps, savoir jusqu'au jour du jugement. D'autres soutiennent que- sa peine, quant au lieu et quant au mode de tourment, lui fut infligée sous condition, c'est-à-dire, jusqu'à ce que par les prières de saint Grégoire, avec la grâce de J.-C., il y eût changement quant au lieu ou quant au mode. (339) D'autres, comme Jean, diacre, qui a compilé cette légende, disent qu'on ne lit pas qu'il a prié, mais qu'il a pleuré : que le Seigneur accorde fréquemment dans sa miséricorde ce que l’homme n'ose lui demander, tout, désireux qu'il soit d'obtenir, et que l’âme de Trajan ne fut pas délivrée de l’enfer et placée au paradis, mais qu'elle est simplement délivrée des peines de l’enfer. « Il peut en effet se faire, dit-il, qu'une âme soit en enfer, et que, par la miséricorde de Dieu, elle n'en ressente pas les tourments. » D'autres avancent que la peiné éternelle consiste en deux choses, qui sont la peine du sens et la peine du dam qui est la privation de la vue de Dieu. Or la peine éternelle lui est remise quant à la peine du sens, mais quant à la peine du dam, elle lui est restée. On rapporte encore qu'un ange ajouta ces mots en parlant à saint Grégoire: « Parce que vous avez prié pour un damné ; choisissez de deux choses l’une, ou de souffrir deux jours en purgatoire, ou d'être rongé de douleurs et d'infirmités durant toute votre vie. » Le saint préféra endurer des infirmités tout le temps de sa vie, à être tourmenté deux jours dans le purgatoire. Aussi dans la suite, toujours il fut sujet à la fièvre, à des attaques de goutte, ou bien il fut affligé de différentes douleurs ou en proie à d'affreux maux d'estomac : ce qui lui fait dire en une de ses épîtres : « Je souffre tant de la goutte et de maladies, que ma vie m’est la plus poignante des peines; tous les jours je suis sur le point de défaillir, de douleur et je soupire après la mort comme après un remède. » Il dit encore ailleurs : « Tantôt ma douleur est faible, tantôt elle est insupportable ; mais elle n'est pas si faible (340) qu'elle me quitte, ni si excessive qu'elle me fasse mourir, en sorte qu'il se fait que, bien qu'étant si près de la mort, j'en suis cependant repoussé. Les humeurs . mauvaises se sont tellement empreintes en moi que la vie m’est une peine, et que j'attends avec grand désir la mort que je crois être le seul remède à mes gémissements.
Grégoire le Grand par maître Théodoric, couvent Sainte-Agnès, Prague Maître Théodoric 1370 huile sur panneau The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH.
Il composa l’office et le chant ecclésiastique, et pour cela il fit bâtir deux maisons, l’une à côté de la basilique de Saint-Pierre, l’autre près de l’église de Latran, où jusqu'aujourd'hui l’on conserve avec un respect convenable le lit où il se reposait quand il enseignait à chanter, et le fouet, avec lequel il menaçait les enfants, ainsi que l’exemplaire authentique de l’antiphonaire. Il ajouta au canon ces mots : Diesque nostros in tua pace disponas atque ab aeterna damnatione nos eripi, et in electorum tuorum jubeas grege numerari. Enfin saint Grégoire mourut plein de bonnes oeuvres, après avoir siégé treize ans six mois et dix jours. Sur sa tombe on inscrivit ces vers :
Suscipe, terra, tuo corpus de corpore sumptum,
Reddere quod valeas, vivificante Deo.
Spiritus astra petit, leti nil jura nocebunt,
Cui vitae alterius mors magis ipsa vita est.
Pontificis summi hoc clauduntur membra sepulchro,
Qui innumeris semper vivit ubique bonis *.
Hans Bilger: Büste des Kirchenvaters Gregor der Große; Worms 1489-1496, Lindenholz, originale Farbfassung (barock überarbeitet) Liebieghaus, Frankfurt am Main, Inv. St. P. 120 Travail personnel de User:FA2010 sur Wikimédia Commons
* Terre reçois un corps sorti de ton sein,
Pour le rendre après que Dieu l’aura vivifié.
L'âme monte au ciel ; la mort n'a plus de droits à exercer,
Sur celui auquel le trépas a procuré la vie.
Dans ce sépulcre sont renfermées les dépouilles d'un saint pontife;
Dont les bienfaits immenses sont proclamés partout.
On rapporte en effet que saint Grégoire avait dit à Jean que quand il. découvrirait le miracle de la colombe, il ne pourrait plais vivre après. C'est pourquoi le vénérable lévite Pierre, revêtu des habits de diacre, apporta le livre des Evangiles, et il n'eut pas plutôt touché les Saintes Lettres pour rendre témoignage à la sainteté de Grégoire, que, sans ressentir les douleurs qui accompagnent la mort, il expira en prononçant les paroles de son serment.
Légende de l'origine du chant grégorien, d'après le frontispice de l'édition vaticane: Le très Saint Grégoire se répandait en prières, pour que le Seigneur lui accorde la musique à donner sur les textes liturgiques. L'Esprit Saint descendit alors sur lui sous la forme d'une colombe, et son cœur fut éclairé. Il commença aussitôt à chanter, et voici comment:... (Suit l'Introït du premier dimanche de l'Avent.)(frontispice de l'édition Vaticane du Graduel romain). Auteur MicheletB sur Wikimédia Commons
Un moine du monastère de saint Grégoire s'amassa un certain pécule : alors saint Grégoire apparut à un autre moine et lui dit de prévenir. le premier qu'il distribuât son argent et qu'il fît pénitence, car il devait mourir dans trois jours. En entendant cela, le moine fut étrangement saisi, il fit pénitence, et rendit son argent; bientôt après il fut pris par une si forte fièvre que, depuis le matin du troisième jour jusqu'à la troisième heure, il était comme brûlé, la langue lui sortait de la bouche, et on croyait qu'il allait mourir. Or, les moines qui étaient autour de lui et qui chantaient des psaumes, interrompirent la psalmodie et se mirent à médire de lui : incontinent il se ranima, et, ouvrant les yeux, il dit avec un sourire: « Que le Seigneur vous pardonne, mes frères, d'avoir médit de moi; vous m’avez (345) jeté dans un embarras qui n'était pas mince; parce que, accusé en même temps et par vous et par le diable, je ne savais à quelle calomnie répondre en premier lieu plais si vous voyez quelqu'un à l’instant de son trépas, usez envers lui non de médisance, mais de compassion, puisqu'il va avec son accusateur devant le tribunal d'un juge sévère : car j'ai été an jugement avec le diable et par l’aide de. saint Grégoire, j'ai bien répondu à tout ce qui m’était reproché : seulement j'ai eu à rougir d'une objection à laquelle je n'ai. eu rien à répondre ; c'est pour cela que vous m’avez vu tourmenté de la sorte; et à l’heure qu'il est je n'ai encore pu me libérer. »
Et comme les frères lui demandaient de, quoi il s'agissait, il dit : « Je n'ose l’avouer, parce que, ayant reçu ordre de saint Grégoire de venir à vous, le diable s'en plaignit beaucoup, il pensait en effet que Dieu me renvoyait sur la terre pour faire pénitence de cette faute ; c'est pourquoi j'ai donné caution à saint Grégoire que je ne révélerais à personne la calomnie qui a été soulevée. » Et aussitôt il se mit à dire en criant : « O André, André, puisses-tu périr cette année, pour m’avoir poussé en pareil péril par ton mauvais conseil. » Et à l’instant, il expira en roulant horriblement les yeux. Or, il y avait dans la ville un nommé André qui; au moment où le moine mourant fit son imprécation, tomba en si dangereuse maladie, que toutes ses chairs se détachaient par lambeaux, sans qu'il pût mourir. Alors il convoqua les moines du monastère de saint Grégoire, et confessa avoir soustrait et enlevé, avec le moine en question, certaines chartes du (346) monastère qu'il aurait. données contre de l’argent à des étrangers : et lui qui, jusqu'à cet instant n'avait pu mourir, rendit l’esprit en proférant ces aveux.
Saint Grégoire écrivant sous l'inspiration de la colombe du Saint-Esprit (Registrum Gregorii, Xe siècle) Meister des Registrum Gregorii. Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
En ce temps-là, ainsi qu'on lit; dans la vie de saint Grégoire, on suivait plutôt l’office ambrosien que le grégorien, dans l’Eglise ; alors le pontife romain Adrien convoqua un concile où l’on statua que l’office grégorien fût observé partout. L'empereur Charles se fit l’exécuteur de cette ordonnance, et en parcourant ,les différentes provinces, par. menacés et par châtiments, il forçait tous tes clercs à obéir; il brûlait partout les livres de l’office ambrosien et mettait en prison les clercs rebelles. Or, le bienheureux évêque Eugène partit pour le concile et arriva trois jours après sa clôture. Par sa prudence il fit que le pape rappela. tous les prélats membres du concile, quoiqu'ils fussent à trois journées delà. Le concile, s'étant donc réuni, décida, à l’unanimité de tous les pères, que l’on mettrait sur l’autel du bienheureux Pierre, apôtre, le missel ambrosien et le grégorien, que l’on fermerait soigneusement les portes de l’église qui seraient scellées très exactement du sceau de la plupart des évêques; et qu'eux tous passeraient la nuit entière en prières, afin que le Seigneur daignât révéler duquel des deux offices il voulait qu'on se servît de préférence dans les églises. Tout fut exécuté comme il avait été prescrit. Le matin, ils ouvrirent la porte de l’église et trouvèrent l’un et l’autre missels ouverts sur l’autel. D'autres avancent encore, qu'ils trouvèrent le missel grégorien presque délié et ses feuillets épars çà et là; que, pour l’ambrosien, ils le retrouvèrent simplement (347) ouvert à la même place qu'ils l’avaient mis. Ils connurent, par ce signe miraculeux, que l’office grégorien devait être répandu par tout le monde, et que l’ambrosien devait être suivi dans son église seulement. Les saints Pères décidèrent donc selon qu'ils eu avaient été instruits par le ciel : et encore aujourd'hui cette décision est maintenue. Il est raconté * par le diacre Jean, qui a compilé la vie de saint Grégoire, que, tandis qu'il se livrait à la rédaction de ce travail, il lui sembla qu'un homme, en habits sacerdotaux, lui apparut en songe, pendant qu'il écrivait auprès d'une lanterne ; l’habit de cet homme était tellement léger que sa finesse laissait apercevoir l’habit noir de dessous. Or, il s'approcha de plus près et ne put s'empêcher de rire en gonflant les joues. Et comme Jean lui demandait pourquoi un homme qui remplissait un ministère tellement noble riait avec si peu de retenue; il lui répondit : « C'est parce que tu écris concernant des morts que tu n'as jamais vus vivants. » Jean lui dit : « Si je ne l’ai pas vu de figure, cependant j'écris de lui ce que j'en ai appris par la lecture. » L'autre reprit : « Tu as fait, je le vois, comme tu as voulu; quant à moi; je ne cesserai de faire ce que je pourrai. » Et aussitôt il éteignit la lumière de la lampe de Jean qui en fut effrayé au point de crier comme s'il avait été égorgé avec, une épée de la main de. cet homme. Mais à l’instant saint Grégoire se présenta ayant à sa droite saint Nicolas, et à sa gauche, le diacre Pierre, et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? » Et comme l’esprit malin se cachait derrière le rideau du lit, Grégoire prit dans la main de Pierre une grande torche qu'il paraissait. tenir, et brûlant avec la flamme la bouche et la figure de ce jaloux, il le rendit noir comme un Ethiopien. Alors une étincelle très légère tombant sur son habit blanc le brûla plus vite que la parole et il parut tout noir et Pierre dit à saint Grégoire : « Nous l’avons assez rendu noir. Grégoire lui répondit : « Nous ne l’avons pas rendu noir, mais nous avons montré qu'il a été noir. » Alors ils s'en allèrent en laissant dans l’appartement une grande lumière.
* Livre IV, n° 100.
La légende Dorée de Jacques de Voragine et Wikimédia Commons pour les photos
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