Clotilde (en latin Crotechildis1), née en 465 ou vers 475, morte autour de 545, est une princesse burgonde, devenue reine des Francs en épousant Clovis, qu'elle contribue à convertir au christianisme.
Sainte Clotilde par Louis Desprez (1841), statue refaite d'après un original gothique. Porche de Saint-Germain-l'Auxerrois, Paris. © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons
Elle a été canonisée ; l'Église orthodoxe la fête le 3 juin (dies natalis) et l'Église catholique romaine le 4 juin.
Reine des Francs
Elle épouse Clovis vers 493 à Soissons.
Elle épouse Clovis vers 493 à Soissons.
Le_mariage_de_Clovis_et_Clothilde, tapisserie de lisse, dépot du mobilier de france. XVII siècle Auteur de la photo Garitan
Selon Grégoire de Tours, elle a exercé une influence pour l'amener au
baptême. Avant cet évènement, dont la date n'est pas connue avec une
absolue certitude, elle prend même l'initiative de faire baptiser ses
deux premiers fils contre l'avis de son époux, et ceci, bien que le
premier, Ingomer, meure peu après son baptême. Le couple a d'autres
enfants, d'abord trois fils, Clodomir, Childebert et Clotaire, puis une
fille, Clotilde, qui sont tous baptisés et parviennent à l'âge adulte.
Clovis Ier et sa famille. Grandes Chroniques de France, XIVème siècle.http://gallica.bnf.fr/Catalogue/NoticesInd/MAN00765.htm Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Clovis et Clotilde résident le plus souvent à Clichy, Épineuil, Chelles,
Rueil ou Bonneuil. Après sa victoire de Vouillé sur les wisigoths en
507, le roi fait de Paris sa capitale.
L'évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d'une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement (481 à l'âge de 15 ans). Les contacts sont nombreux entre le roi et l'évêque, ce dernier incitant d'abord Clovis à protéger les Chrétiens présents sur son territoire. Grâce à son charisme et peut-être en raison de l'autorité dont lui-même jouit, Rémi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de conseiller.
À la suite d'ambassades répétées auprès du roi Gondebaud, Clovis choisit de prendre pour épouse Clotilde, une princesse chrétienne de haut lignage, fille du roi des Burgondes Chilpéric II et de la reine Carétène (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie).
Le mariage qui a lieu à Soissons en 492 ou en 493 concrétise le pacte de non-agression avec les rois burgondes. En choisissant une descendante du roi Athanaric de la dynastie des Balthes, Clovis se marie avec une épouse de premier rang qui lui assure un mariage hypergamique (conjoint d'un niveau social plus élevé), lui permettant de hisser les Francs au rang de grande puissance.
Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme. Mais Clovis est réticent : il doute de l'existence d'un Dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d'ailleurs qu'accentuer cette méfiance. D'autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore païen : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat. S'ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l'Église.
Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé gallo-romain, car ce dernier représente la population gauloise. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule. C'est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l'Église a du mal à maintenir sa cohérence : évêques exilés ou non remplacés en territoires wisigoths, successions pontificales difficiles à Rome, mésentente entre pro-wisigoths ariens et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris...), etc.
La conversion et la bataille de Tolbiac
C'est en « la quinzième année de son règne », c'est-à-dire en 496, qu'a lieu la bataille de Tolbiac (Zülpich près de Cologne) contre les Alamans, Clovis portant secours aux Francs rhénans dont le roi Sigebert a été blessé au genou. D'après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu païen se vouer et son armée étant sur le point d'être vaincue, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils de Dieu vivant » lui accordait la victoire. Il s'agit de la même promesse que fit l'empereur romain Constantin en 312 lors de la bataille du pont Milvius. Grégoire de Tours reprend le modèle constantinien (conversion après une bataille, rôle important d'une femme, Hélène et Clotilde) pour répéter ce qu'il y a eu de plus glorieux et légitimer la royauté franque.
Au cœur de la bataille, alors que Clovis est encerclé et va être pris, le chef alaman est tué d'une flèche ou d'un coup de hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu des chrétiens. (...) Cette victoire permet au royaume de Clovis de s'étendre jusqu'à la Haute-Rhénanie.
Selon d'autres sources, Tolbiac n'aurait été qu'une étape et l'illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de Tours.(...)
Statue de Clotilde dans la série Reines de France et Femmes illustres du Jardin du Luxembourg à Paris.Jean-Baptiste Jules Klagmann (1810–1867) LPLT / Wikimedia Commons
Le baptême de Clovis selon Grégoire de Tours
Clovis Ier baptisé par l'évêque Remi de Reims, statue du XIXe siècle devant la basilique Saint-Remi de Reims.
« La reine fait alors venir en secret Remi, évêque de la ville de Reims, en le priant d’insinuer chez le roi la parole du salut. L’évêque l’ayant fait venir en secret commença à lui insinuer qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui répliquait : « Je t’ai écouté très volontiers, très saint Père, toutefois il reste une chose ; c’est que le peuple qui est sous mes ordres, ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole. »
Il se rendit donc au milieu des siens et avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Rémi que nous sommes prêts à suivre ». Cette nouvelle est portée au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. […] Ce fut le roi qui le premier demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guérir de la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche de sales taches faites anciennement.
Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Courbe doucement la tête, ô Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». Remi était un évêque d’une science remarquable et qui s’était tout d’abord imprégné de l’étude de la rhétorique. Il existe de nos jours un livre de sa vie qui raconte qu'il était tellement distingué par sa sainteté qu’il égalait Silvestre par ses miracles, et qu’il a ressuscité un mort. Ainsi donc le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. […] »
— Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chapitre XXXI.
Clovis Ier baptisé par l'évêque Remi de Reims, statue du XIXe siècle devant la basilique Saint-Remi de Reims.
« La reine fait alors venir en secret Remi, évêque de la ville de Reims, en le priant d’insinuer chez le roi la parole du salut. L’évêque l’ayant fait venir en secret commença à lui insinuer qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui être utiles, ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui répliquait : « Je t’ai écouté très volontiers, très saint Père, toutefois il reste une chose ; c’est que le peuple qui est sous mes ordres, ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole. »
Il se rendit donc au milieu des siens et avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels, nous les rejetons, pieux roi, et c’est le Dieu immortel que prêche Rémi que nous sommes prêts à suivre ». Cette nouvelle est portée au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. […] Ce fut le roi qui le premier demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine pour se guérir de la maladie d’une vieille lèpre et pour effacer avec une eau fraîche de sales taches faites anciennement.
Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Courbe doucement la tête, ô Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». Remi était un évêque d’une science remarquable et qui s’était tout d’abord imprégné de l’étude de la rhétorique. Il existe de nos jours un livre de sa vie qui raconte qu'il était tellement distingué par sa sainteté qu’il égalait Silvestre par ses miracles, et qu’il a ressuscité un mort. Ainsi donc le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. […] »
— Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, chapitre XXXI.
Le veuvage à Tours
À la mort de Clovis, Clotilde se retira à Saint-Martin de Tours mais continua vraisemblablement à influencer ses trois fils : Clodomir, Childebert et Clotaire.
À la mort de Clovis, Clotilde se retira à Saint-Martin de Tours mais continua vraisemblablement à influencer ses trois fils : Clodomir, Childebert et Clotaire.
La basilique Saint-Martin de Tours, Indre-et-Loire. Vue générale.Guiguilacagouille/Wikimédia Commons
Femme politique, elle les amena à monter une expédition contre le royaume burgonde des fils de Gondebaud, vraisemblablement pour venger ses parents assassinés (selon Grégoire de Tours). Suite à cette guerre, son fils Clodomir fut tué à la bataille de Vézeronce.
Elle tenta de protéger les trois fils de Clodomir, mais ne put sauver que Clodoald, le futur saint Cloud, tandis que les deux autres étaient massacrés par leurs oncles.
Elle tenta de protéger les trois fils de Clodomir, mais ne put sauver que Clodoald, le futur saint Cloud, tandis que les deux autres étaient massacrés par leurs oncles.
Clodoald ou saint Cloud (522-560), petit-fils de Clovis Ier Auteur inconnu Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Pour secourir sa fille envoyée en Espagne dès 511 (et également prénommée Clotilde), elle poussa Childebert à attaquer le mari de celle-ci, le roi wisigoth Amalaric qui la maltraitait. À Tours, elle imposa des évêques burgondes réfugiés auprès d'elle.
Les fondateurs de l'abbaye : Clovis et ClotildeThe image is the illustration labeled as Clovis and Clotilda enthroned in one of the 131 Grandes Chroniques de France, Ms. 637, fol. 14v. at the Bibliothèque Municipale of Valenciennes, Nord-Pas-de-Calais, France.XIV°siècle Auteur Original uploader was Triton at en.wikipedia Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Tombeaux de Clovis et de Clotilde 1859 Histoire de France depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours: d'aprés les documents de l'art de chaque époque Henri Léonard Bordier,Édouard Charton Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Statue de Clotilde dans la série Reines de France et Femmes illustres du Jardin du Luxembourg à Paris.
Par ailleurs très pieuse, elle fit ériger un monastère (aux Andelys), agrandir Saint-Pierre de Reims, reconstruire les Saints-Apôtres de Rouen et fut associée à la construction à Paris du monastère des Saints-Apôtres, devenu l'abbaye Sainte-Geneviève (actuel lycée Henri-IV).
Elle termina ses jours dans la piété, auprès du tombeau de saint Martin, à Tours où elle mourut, le 3 juin 545. Elle fut enterrée à Paris aux côtés de son époux Clovis, dans le monastère des Saints-Apôtres qu'elle avait contribué à fonder.
Miniature extraite des « Grandes Chroniques de France », montrant Sainte Clothilde priant Saint Martin.XIV century Le Corpus Etampois Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Patronne de l'aviation légère de l'armée de terre
Depuis 1995 l'Aviation légère de l'armée de terre a choisi sainte Clotilde pour patronne. C'est en effet à ses prières que Clovis put être victorieux à Tolbiac en « submergeant l'ennemi sous le feu du ciel », ce qui est précisément aujourd'hui la fonction des hélicoptères de combat de l'armée française.
Depuis 1995 l'Aviation légère de l'armée de terre a choisi sainte Clotilde pour patronne. C'est en effet à ses prières que Clovis put être victorieux à Tolbiac en « submergeant l'ennemi sous le feu du ciel », ce qui est précisément aujourd'hui la fonction des hélicoptères de combat de l'armée française.
Wikipédia
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire