Zurbarán, Francisco de (1598-1664) 1ère moitié de XVIIe siècle huile sur toile Hauteur 113 cm. Largeur : 66 cm. Musée du Louvre Paris Denon, 1er étage, Peintures espagnoles, Salle 26
Au temps de l’empereur Dèce, une affreuse persécution s'éleva à Alexandrie contre les serviteurs de Dieu. Un homme nommé Devin devança. les ordres de l’empereur, comme ministre des démons, en excitant, contre les chrétiens, la superstition de la populace qui dans son ardeur était dévorée de la soif du sang des justes. Tout d'abord on se saisit de quelques personnes pieuses de l’un et de l’autre sexe. Aux uns, on déchirait le corps, membre après membre, à coups de fouets ; à d'autres, on crevait les yeux avec des roseaux pointus, ainsi que le visage, après quoi on les chassait de la ville. Quelques-uns étaient traînés aux pieds des idoles afin de les leur faire adorer; mais comme ils s'y refusaient avec horreur, on leur liait les pieds avec des chaînes, on les traînait à travers les rues de toute la ville, et leurs corps étaient arrachés par flambeaux dans cet atroce et épouvantable supplice.
** Eusèbe, Histoire ecclésiastique, liv. VIII, ch. XXXI.
Or, il y avait; en ce temps-là, une vierge remarquable, d'un age fort avancé, nommée Apollonie, ornée des fleurs de la chasteté, de la sobriété et de la pureté, semblable à une colonne des plus solides, appuyée sur l’esprit même du Seigneur, elle offrait aux anges et aux hommes le spectacle admirable de bonnes œuvres inspirées par la foi et par une vertu céleste. La multitude en fureur s'était donc ruée sur les maisons des serviteurs de Dieu, brisant tout avec un acharnement étrange ; on traîna d'abord au tribunal des méchants la bienheureuse Apollonie, innocente de simplicité, forte de sa vertu, et n'ayant pour se défendre que la conscience d'un cœur intrépide, et la pureté d'une conscience sans tache; elle offrait avec grand dévouement son âme à Dieu et abandonnait à ses persécuteurs son corps tout chaste pour qu'il fût tourmenté.
Lors donc que cette bienheureuse vierge fut entre leurs mains, ils eurent la cruauté de lui briser d'abord les dents; ensuite, ils amassèrent du bois pour en dresser un grand billot et la menacèrent de la brûler vive, si elle ne disait avec eux certaines paroles impies. Mais la sainte n’eut pas plutôt vu le bûcher en flammes, que, se recueillant un instant, tout d'un coup, elle s'échappe des mains des bourreaux, et se jette elle-même dans le brasier dont on la menaçait. De là l’effroi des païens cruels qui voyaient une femme plus pressée de recevoir la mort qu'eux de l’infliger. Eprouvée déjà par différents supplices, cette courageuse martyre ne se laissa pas vaincre par la douleur des tourments qu'elle subissait, ni par l’ardeur des flammes, car son cœur était bien autrement embrasé des rayons de la vérité. Aussi ce feu matériel, attisé par la main des hommes, ne put détruire dans son cour intrépide l’ardeur qu'y avait déposée l’œuvre de Dieu.
Oh ! la grande et l’admirable lutte que celle de cette vierge, qui, par l’inspiration de la grâce de Dieu, se livra aux flammes pour ne pas brûler, et se consuma pour ne pas être consumée ; comme si elle n'eût pas été la proie du feu, et des supplices! Elle était libre de se sauvegarder, mais sans combat, elle ne pouvait acquérir de gloire. Cette vierge et martyre intrépide de J.-C. méprise les délices mondains, foule par ses mépris les joies d'ici-bas, et sans autre désir que de plaire au Christ, son époux, elle reste inébranlable dans sa résolution de garder sa virginité, au milieu des tourments les plus violents. Ses mérites éminents la font distinguer au milieu des martyrs pour le glorieux triomphe qu'elle a heureusement remporté. Assurément il y eut dans cette femme un courage viril, puisque la fragilité de son sexe ne fléchit point dans une lutte si violente. Elle refoule la crainte humaine par l’amour de Dieu, elle se saisit de la croix du Christ comme d'un trophée; elle combat et remporte plus promptement la victoire avec les armes de la foi qu'elle n'aurait fait avec le fer, aussi bien contre les passions que contre tous les genres de supplices. Daigne nous accorder aussi cette grâce celui qui avec le Père et le Saint-Esprit règne dans les siècles des siècles.
** Eusèbe, Histoire ecclésiastique, liv. VIII, ch. XXXI.
Sainte Apolline Heures d'Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet. musée Condé, Chantilly. Fouquet a mis en scène le martyre de sainte Apolline comme un mystère. Un rideau d'arbres doublé d'un clayonnage limite le devant de la scène. Avec des gestes démonstratifs, les bourreaux, sur l'ordre de Dèce, ligotent la martyre, lui immobilisent la tête en tirant ses cheveux et lui arrachent les dents. Tandis qu'un fou, au geste obscène, déambule avec sa marotte, le régisseur, baguette en main, dirige l'ensemble du jeu et les musiciens. Décor et tribunes ferment le théâtre : à gauche le paradis, au centre les spectateurs et à droite, l'enfer. Jean Fouquet (1420–1480) http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/f112.htm
San Tommaso di Canterbury (Corenno Plinio) Paintings of Saint Apollonia 14th-century frescos in Italy Gothic frescos in Lombardy Travail personnel de Wolfgang Sauber sur Wikimédia Commons
Lors donc que cette bienheureuse vierge fut entre leurs mains, ils eurent la cruauté de lui briser d'abord les dents; ensuite, ils amassèrent du bois pour en dresser un grand billot et la menacèrent de la brûler vive, si elle ne disait avec eux certaines paroles impies. Mais la sainte n’eut pas plutôt vu le bûcher en flammes, que, se recueillant un instant, tout d'un coup, elle s'échappe des mains des bourreaux, et se jette elle-même dans le brasier dont on la menaçait. De là l’effroi des païens cruels qui voyaient une femme plus pressée de recevoir la mort qu'eux de l’infliger. Eprouvée déjà par différents supplices, cette courageuse martyre ne se laissa pas vaincre par la douleur des tourments qu'elle subissait, ni par l’ardeur des flammes, car son cœur était bien autrement embrasé des rayons de la vérité. Aussi ce feu matériel, attisé par la main des hommes, ne put détruire dans son cour intrépide l’ardeur qu'y avait déposée l’œuvre de Dieu.
Oh ! la grande et l’admirable lutte que celle de cette vierge, qui, par l’inspiration de la grâce de Dieu, se livra aux flammes pour ne pas brûler, et se consuma pour ne pas être consumée ; comme si elle n'eût pas été la proie du feu, et des supplices! Elle était libre de se sauvegarder, mais sans combat, elle ne pouvait acquérir de gloire. Cette vierge et martyre intrépide de J.-C. méprise les délices mondains, foule par ses mépris les joies d'ici-bas, et sans autre désir que de plaire au Christ, son époux, elle reste inébranlable dans sa résolution de garder sa virginité, au milieu des tourments les plus violents. Ses mérites éminents la font distinguer au milieu des martyrs pour le glorieux triomphe qu'elle a heureusement remporté. Assurément il y eut dans cette femme un courage viril, puisque la fragilité de son sexe ne fléchit point dans une lutte si violente. Elle refoule la crainte humaine par l’amour de Dieu, elle se saisit de la croix du Christ comme d'un trophée; elle combat et remporte plus promptement la victoire avec les armes de la foi qu'elle n'aurait fait avec le fer, aussi bien contre les passions que contre tous les genres de supplices. Daigne nous accorder aussi cette grâce celui qui avec le Père et le Saint-Esprit règne dans les siècles des siècles.
La Légende Dorée
Scupture de Sainte Appoline Travail personnel de Reinhardhauke sur Wikimédia Commons
Sainte Apolline ou Apollonie, morte à Alexandrie (Égypte) en 249 et fêtée le 9 février.
Le récit du martyre d'Apolline est tiré d'une lettre de Denys, évêque d'Alexandrie (mort en 265), à Fabien, évêque d'Antioche. (...)
On la représente souvent avec une paire de tenailles, et parfois les dents qui lui furent arrachées, ainsi qu'avec la palme du martyre.
Elle est la patronne des dentistes et est invoquée contre les maux de dents.
Omer Englebert, La Fleur des Saints ou Vie des Saints pour chaque jour de l'année, Albin Michel, 1980
Le récit du martyre d'Apolline est tiré d'une lettre de Denys, évêque d'Alexandrie (mort en 265), à Fabien, évêque d'Antioche. (...)
On la représente souvent avec une paire de tenailles, et parfois les dents qui lui furent arrachées, ainsi qu'avec la palme du martyre.
Elle est la patronne des dentistes et est invoquée contre les maux de dents.
Omer Englebert, La Fleur des Saints ou Vie des Saints pour chaque jour de l'année, Albin Michel, 1980
Wikipédia
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