Paul signifie bouche de trompette, ou bouche de ceux, ou élu admirable, ou miracle d'élection. Paul vient encore de pausa, qui veut dire repos en hébreu, et en latin modique. Par quoi l’on connaît les six prérogatives particulières à saint Paul.
La Ière est une langue fructueuse, car il prêcha l’Evangile depuis l’Illyrie jusqu'à Jérusalem, de là le nom de bouche de trompette.
La 2e est un amour de mère, qui lui fait dire : « Qui est faible, sans que je m’affaiblisse avec lui? (II, Cor., XI) » C'est pour cela que son nom veut dire bouche de ceux, ou bouche de cœur, ainsi qu'il le dit lui-même (II, Cor., VI). « O Corinthiens, ma bouche s'ouvre, et mon cœur s'étend par l’affection que je vous porte. »
La 3e est une conversion miraculeuse, c'est pour cela qu'il est appelé élu admirable, parce qu'il fut élu et converti merveilleusement.
La 4° est le travail des mains,, et voilà pourquoi il est nommé miracle d'élection : ce fut un grand miracle en lui que, de préférer gagner ce qui lui était nécessaire pour vivre et prêcher sans cesse.
La 5e fut une contemplation délicieuse, parce qu'il fut élevé jusqu'au troisième ciel; de là le nom de repos du Seigneur; car dans la contemplation, repos d'esprit est requis.
La 6e est son humilité, de là le nom de modique.
Il y a trois opinions au sujet du nom de Paul. Origène veut qu'il ait toujours eu deux noms et qu'il ait été indifféremment appelé Saul et Paul ; Raban veut qu'avant sa conversion il eut le nom de Saut, du roi orgueilleux Saül, mais qu'après il fut nommé Paul, qui veut dire petit, en esprit et en humilité : et il donne lui-même l’interprétation de son nom quand il dit : «Je suis le plus petit des apôtres. » Bède enfin veut qu'il ait été appelé Paul, de Sergius Paulus, proconsul, converti par lui à la foi. Le martyre de saint Paul fut écrit par saint Lin, pape. (Jacques de Voragine)
Il fit preuve d'un zèle profond pour sa religion (le judaïsme enseigné selon la tradition des pharisiens) et rejoignit les rangs des persécuteurs des premiers disciples de Jésus de Nazareth. Selon les Actes des Apôtres (ch. 6 et 7), il participa à cette époque à la lapidation d'Étienne, même si lui-même n'y fait pas allusion.
Il aurait obtenu des lettres de recommandation pour rechercher et persécuter les adeptes de la Voie prônée par Jésus à Damas. Selon les Actes des Apôtres, au cours du voyage pour s'y rendre, il rencontra Jésus ressuscité (entre 37 et 402). Il sortit de cette rencontre profondément bouleversé et définitivement persuadé que celui qu'il persécutait était le seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Ce bouleversement se manifesta sous la forme d'une chute (on ne parle pas de cheval) et par la perte totale de la vue. Trois jours plus tard, il fut baptisé au nom du Christ par un disciple vivant alors à Damas, du nom d'Ananias, le baptême ayant lieu selon la tradition dans la maison de Saint Ananie (en), un culte étant attesté dès le Ier siècle dans cette crypte formée par deux chambres. Celui-ci lui rend la vue à cette occasion, ce qui signifie probablement que la révélation reçue le fait sortir de son aveuglement. Comme sa fonction d'apôtre semble lui être contestée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement (Jacques le juste, saint Pierre et saint Jean), il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus (1 Co 15,8). (Wikipédia)
Paul, apôtre, après sa conversion, souffrit beaucoup de persécutions énumérées en ces termes par saint Hilaire : « Paul est fouetté de verges à Philippes; il est mis en prison ; il est attaché par les pieds à un poteau ; il est lapidé à Lystra; il est poursuivi d'Icone et de Thessalonique par les méchants; à Ephése, il est livré aux bêtes ; à Damas, on le descend du haut d'un mur dans une corbeille ; à Jérusalem, il est arrêté, battu, enchaîné, on lui tend. des embûches; à Césarée, il est emprisonné et incriminé: Il est en péril sur mer, dans son voyage en Italie; arrivé à Rome, il est jugé et meurt tué sous Néron. »
Il reçut l’apostolat en faveur des gentils ; il redressa un perclus à Lystra; il ressuscita un jeune homme qui, tombé d'une fenêtre, avait rendu le dernier soupir, et fit grand nombre d'autres miracles. Dans l’île de Malte, une vipère lui saisit la main, mais l’ayant secouée dans le feu, il n'en reçut aucune atteinte. On rapporte que tous les descendants de celui qui donna l’hospitalité à saint Paul ne ressentent aucun mal des bêtes venimeuses; et quand ils viennent au monde, le père met des serpents dans leur berceau pour s'assurer s'ils sont vraiment sa lignée. On trouve encore quelquefois que saint Paul est tantôt inférieur à saint Pierre, tantôt plus grand, tantôt égal ; mais en réalité, il lui est inférieur en dignité, supérieur dans la prédication et égal, en sainteté. (Jacques de Voragine)
L'an 14 de Néron, il fut décapité la même année et le même jour que saint Pierre fut crucifié. » Sa sagesse, et sa religion étaient partout en renom et on le regardait généralement comme un homme admirable. Il se fit beaucoup d'amis dans, la maison de l’empereur, et il les convertit à la foi de J.-C. Quelques-uns de ses écrits furent lus devant le César ; tout le monde en fit grand éloge; le Sénat lui-même avait beaucoup d'estime pour sa personne.
Une fois que saint Paul prêchait, vers le soir, sur une terrasse, un jeune homme nommé Patrocle, échanson favori de Néron, monta à une fenêtre pour entendre plus commodément le saint apôtre, à cause de la foule, et s'y étant légèrement endormi, il tomba et se tua. Néron à cette nouvelle eut beaucoup de chagrin de sa mort et aussitôt il pourvut à son remplacement.
Mais saint Paul, qui en fut instruit par révélation, dit aux assistants d'aller et de lui rapporter le cadavre de Patrocle, l'ami du César. On le lui apporta et saint Paul le ressuscita, ensuite il l’envoya à César avec ses compagnons. Comme Néron se lamentait sur la perte de son favori, voilà qu'on lui annonce que Patrocle vivant était à la porte. Néron informé que celui qu'il avait cru mort tout à l’heure était en vie, fut extraordinairement effrayé et refusa de le laisser entrer auprès de lui; mais enfin à la persuasion de ses amis, il permit qu'on l’introduisît. Néron lui dit: « Patrocle; tu vis? » Et Patrocle répondit: « César; je vis. » Et Néron dit « Qui t'a fait vivre? » Patrocle reprit : « C'est Jésus-Christ, le roi de tous les siècles. » Néron se mit en Colère et dit : « Alors celui-ci régnera sur les siècles et détruira donc les royaumes du monde ? » Patrocle lui répliqua: « Oui, César. » Néron lui donna un soufflet en disant: « Donc tu es au service de ce roi? » « Oui, répondit Patrocle, je suis à son service, parce qu'il m'a ressuscité d'entre les morts. »
Alors cinq des officiers de l’empereur qui l’accompagnaient constamment lui dirent : « Empereur, pourquoi frapper ce jeune homme plein de prudence et qui répond la vérité ? Et nous aussi nous sommes au service de ce roi invincible. » Néron, à ces mots, les fit enfermer en prison, afin de tourmenter cruellement ceux qu'il avait aimés jusqu'alors extraordinairement. Il fit en même temps rechercher tous les chrétiens et il les fit punir tous sans forme de procès : Paul fut conduit, chargé de chaînes, avec les autres, par devant Néron qui lui dit: « O homme, le serviteur du grand roi, mais cependant mon prisonnier, pourquoi m’enlèves-tu mes soldats et les prends-tu pour toi? » « Ce n'est pas seulement, répondit saint Paul, dans le coin de la terre où tu vis que j'ai levé des soldats, mais j'en ai enrôlé de l’univers entier: notre Roi leur accordera des récompenses qui, loin de leur manquer jamais, les mettront à l’abri. du besoin. Toi, si tu veux lui être soumis, tu seras sauvé. Sa puissance est si grande qu'il viendra juger tous les hommes et qu'il dissoudra par le feu la figure de ce monde. » Quand Néron, enflammé de colère, eut entendu dire à saint Paul que le feu devait dissoudre la figure du monde, il ordonna qu'on fît brûler tous les soldats de J.-C. et de couper la tête à saint Paul, comme coupable de lèse-majesté.
Or, la foule de chrétiens qui furent tués était si grande que le peuple romain se porta avec violence au palais et se disposait à exciter une sédition contre Néron, en criant tout haut : « Arrête, César, suspends le carnage et l’exécution de tes ordres. Ceux que tu fais périr sont nos concitoyens; ce sont les soutiens de l’empire romain. » Néron eut peur et modifia son édit en ce sens que personne ne mettrait la main sur les chrétiens qu'autant que l’empereur mieux informé les eût jugés.
C'est pourquoi Paul fut ramené et présenté de nouveau à Néron. Il ne l’eut pas plutôt vu qu'il s'écria avec violence : « Emmenez ce malfaiteur, décapitez cet imposteur ; ne laissez pas vivre ce criminel ; défaites-vous de cet homme qui égare les intelligences ; ôtez de dessus la terre ce séducteur des esprits. » Saint Paul lui dit : « Néron, je souffrirai l’espace d'un instant, mais je vivrai éternellement en Notre-Seigneur J.-C. » Néron dit : «Tranchez-lui la tête afin qu'il apprenne que je suis plus puissant que son roi, moi qui l’ai vaincu et nous verrons s'il pourra toujours vivre. » Saint Paul reprit: « Afin que tu saches qu'après la mort de mon corps, je vis éternellement, quand ma tête aura été coupée, je t'apparaîtrai vivant, et tu pourras connaître alors que J.-C. est le Dieu de la vie et non de la mort. »
Ayant parlé ainsi, il fut mené au lieu du supplice. Dans le trajet, trois soldats qui le conduisaient lui dirent : « Dis-nous, Paul, quel est celui que tu appelles votre roi, que vous aimez au point de préférer mourir pour lui plutôt que de vivre; et quelle récompense vous recevrez de tout cela? » Alors saint Paul, leur parla du royaume de Dieu et des peines de l’enfer de manière qu'il les convertit à la foi. Ils le prièrent d'aller en liberté où il voudrait, mais il leur dit : « A Dieu ne plaise, mes frères, que je prenne la fuite ; je ne suis pas un transfuge, mais un véritable soldat de J.-C. : car je sais que cette vie qui passe me conduira à une vie éternelle; tout à l’heure, quand j'aurai été décapité, des hommes fidèles enlèveront mon corps. Quant à vous, remarquez bien la place, et venez-y demain matin : vous trouverez auprès de mon sépulcre deux hommes en prières, ce sera Tite et Luc ; quand vous leur aurez dit pour quel motif je vous ai adressés à eux, ils vous baptiseront et vous feront participants et héritiers du royaume du ciel. »
Il parlait encore quand Néron envoya deux soldats pour voir s'il n'était pas encore exécuté; et comme saint Paul voulait les convertir, ils dirent: « Lorsque tu seras mort et ressuscité, alors nous croirons ce que tu dis; pour le moment viens vite et reçois ce que tu as mérité. »
Amené au lieu du supplice, à la porte d'Ostie, il rencontra une, matrone nommée Plantille ou Lémobie, d'après saint Denys (peut-être elle avait deux noms). Cette dame se mit à pleurer et à se recommander aux prières de saint Paul qui lui dit : « Va, Plantille, fille du salut éternel, porte-moi le voile dont tu te couvres la tête, je m’en banderai les yeux et ensuite je te le remettrai. » Et comme elle le lui donnait, les bourreaux se moquaient d'elle en disant: « Qu'as-tu besoin de donner à cet imposteur et à ce magicien un voile si précieux que tu perdras ? »
Paul étant donc venu au lieu de l’exécution, se tourna vers l’Orient et pria très longtemps dans sa langue maternelle, les mains étendues vers le ciel et en versant des larmes, il rendît grâces. Ensuite, ayant dit adieu aux frères, il se banda les yeux avec le voile de Plantille; puis ayant fléchi les deux genoux en terre, il présenta le cou et fut ainsi décollé. Au moment où sa tête fut détachée du corps, il prononça distinctement en hébreu: « Jésus-Christ » ; nom qui avait été d'une grande douceur pour lui dans sa vie et qu'il avait répété si souvent. On dit en effet que, dans ses Epitres, il répéta Christ, ou Jésus, ou l’un et l’autre ensemble. cinq cents fois. Du lait jaillit du corps mutilé jusque sur les habits d'un soldat ; ensuite le sang coula : une lumière immense brilla dans l’air et une odeur des plus suaves émana de son corps.
Saint Denys dans son épître à Timothée s'exprime ainsi sur la mort de saint Paul : « A cette heure pleine de tristesse, mon frère chéri, quand le bourreau dit à saint Paul : « Prépare ton cou », alors le bienheureux apôtre leva les. yeux au ciel, se munit le front et la poitrine du signe de la croix et dit : « Mon Seigneur J.-C., je remets mon esprit entre vos mains.» : et alors sans tristesse et sans contrainte, il présenta le cou et reçut la couronne. » Au moment où le bourreau frappait et tranchait la tête de Paul, ce bienheureux, en recevant le coup, détacha le voile, et reçut son propre sang dans ce voile, le lia, le plia et le rendit à cette femme. Et quand le bourreau fut revenu, Lémobie lui dit : « Où as-tu laissé mon maître Paul? » Le soldat répondit : « Il est étendu là-bas avec son compagnon, dans la vallée du Pugilat, hors de la ville ; et sa figure est couverte de ton voile. » Or, Lémobie répondit : « Voici que Pierre et Paul viennent d'entrer à l’instant, revêtus d'habits éclatants, portant sur la tête des couronnes brillantes et rayonnantes de lumière. »
* Ce fait est rapporté par Grégoire de Tours.
Alors elle leur montra le voile tout ensanglanté : ce qui donna lieu à plusieurs de croire au Seigneur et de se faire chrétiens (saint Denys). Néron, ayant appris ce qui était arrivé, eut une violente peur et s'entretint de tout cela avec les philosophes et avec ses favoris. 0r, pendant la conversation saint Paul vint les portes fermées; et, debout devant César, il lui dit : «César, voici Paul, le soldat du roi éternel et invincible ; crois au moins maintenant que je ne suis pas mort, mais que je vis et toi, misérable, tu mourras d'une mort éternelle, parce que tu tues injustement les saints de Dieu. » Ayant parlé ainsi, il disparut.
Alors Néron devint comme fou tant il avait été effrayé; il ne savait ce qu'il faisait. Par le conseil de ses amis, il délivra Patrocle et Barnabé avec les autres chrétiens et leur permit d'aller librement où ils voudraient. Quant aux soldats qui avaient conduit Paul au supplice, savoir Longin, chef des soldats, et Acceste, ils vinrent le matin au tombeau de saint Paul et ils y virent deux hommes, Tite et Luc en prières, et Paul debout au milieu d'eux. Tite et Luc, en voyant les soldats, furent fort effrayés et prirent la fuite ; alors Paul disparut. Mais Longin et Acceste leur crièrent : « Non, ce n'est pas vous que nous poursuivons, ainsi que vous le paraissez croire, mais nous voulons recevoir le baptême de vos mains, comme nous l’a dit Paul que nous venons de voir prier avec vous. »
A ces mots, Tite et Luc revinrent et les baptisèrent avec grande joie. Or, la tête de Paul fut jetée dans une vallée, et comme il y en avait beaucoup qui avaient été tués et qu'on avait jetés au même endroit, on ne put la retrouver. Mais on lit dans la même épître de saint Denys, qu'un jour où l’on curait une fosse, on jeta la tête de saint Paul avec les autres immondices. Un berger la prit avec sa houlette et l’attacha sur la bergerie. Pendant trois nuits consécutives, son maître et lui virent une lumière ineffable sur cette tête; on en fit part à l’évêque, et on dit : « Vraiment, c'est la tête de saint Paul. » L'évêque vint avec toute l’assemblée des fidèles; ils prirent cette tête, l’emportèrent et ils la mirent sur une table d'or, ensuite ils essayaient de la réunir au corps. Le patriarche leur dit : «Nous savons que beaucoup de fidèles ont été tués et que leurs têtes furent dispersées ; c'est pourquoi je n'oserais mettre celle-ci sur le corps de saint Paul ; mais plaçons-la aux pieds du corps et demandons au Dieu tout puissant, que si c'est sa tête, le corps se tourne et se joigne à la tête. » Du consentement général, on plaça cette même tête aux pieds du corps de saint Paul, et comme tout le monde était en prière, on fut saisi de voir le corps se tourner et se joindre exactement à la tête. Alors on bénit Dieu et on connut que c'était bien là véritablement le chef de saint Paul (saint Denys). »
— Dans la même épître citée plus haut, saint Denys pleure la mort de saint Paul; son maître, avec des expressions touchantes : « Qui donnera de l’eau à mes yeux, et à mes paupières une fontaine de larmes afin de pleurer, le jour et la nuit, la lumière des Eglises qui vient de s'éteindre? Qui est-ce qui ne pleurera. et ne gémira pas? Quel est celui qui ne prendra pas des habits de deuil et ne restera pas muet d'effroi? Voici en effet que Pierre, le fondement des Eglises, la gloire des saints apôtres, s'est retiré de nous et nous a laissés orphelins; Paul aussi, cet ami des gentils, le consolateur des pauvres, nous l’ait défaut, et il a disparu pour. toujours celui qui fut le père des pères, le docteur des docteurs, le pasteur des pasteurs. Cet abîme de sagesse, cette trompette retentissante, ce prédicateur infatigable de la vérité, en un mot, c'est de Paul le plus illustre des apôtres que je parlé. Cet ange de la terre, cet homme du ciel, cette image de la divinité, cet esprit divin nous a délaissés tous, nous dis-je, misérables et indignes, qu milieu de ce monde qui ne mérite que mépris et qui est rempli de malice. Il est avec Dieu son maître et son ami hélas! mon frère Timothée, le chéri de mon cœur, où est ton père, ton maître et ton ami ? Il ne t'adressera donc plus de salut? Voilà que tu es devenu orphelin, et que tu es resté seul; il ne t'écrira plus, de sa très sainte main, ces douces paroles: «Très cher fils; viens, mon frère Timothée. » Que s'est-il passé ici de triste, d'affreux, de pernicieux pour que nous soyons devenus orphelins? Tu ne recevras plus de ses lettres où tu pouvais lire ces paroles : « Paul, petit serviteur de J.-C. » Il n'écrira plus désormais de toi aux cités « Recevez mon fils chéri: » Ferme mon frère, les livres des prophètes; mets-y un sceau, parce que nous n'avons plus personne pour nous en expliquer les paraboles, les comparaisons et le texte. Le prophète David pleurait son fils en s'écriant : «Malheur à moi, mon fils; malheur à moi! » Et moi je m’écrie: Malheur à moi, mon maître, oui, malheur à moi ! Depuis lors a cessé tout à fait cette affluence de tes disciples qui venaient à Rome et qui demandaient à nous voir. Personne ne dira plus : Allons trouver, nos docteurs, et interrogeons-les sur la direction à imprimer aux Eglises qui nous sont confiées, et ils nous expliqueront les paroles de Notre-Seigneur J.-C. et celles des prophètes. Malheur, malheur à ces enfants, mon. frère, parce qu'ils sont privés de leurs pères spirituels, parce que le troupeau est abandonné! Malheur à nous aussi, frère, parce que nous sommes privés de nos maîtres spirituels qui possédaient l’intelligence . et la science de l’ancienne et de la nouvelle loi fondues dans leurs épîtres ! Où sont les courses de Paul et les vestiges de ses saints pieds ? où est cette bouche éloquente, cette langue qui donnait des avis si prudents ; cet esprit toujours en paix avec son Dieu ? Qui est-ce qui ne pleurera pas et ne fera. pas retentir l’air de cris ? Car ceux qui ont mérité de recevoir de Dieu gloire et Honneur sont traînés à la mort comme des malfaiteurs. Malheur à moi qui ai vu à cette heure ce corps saint tout couvert d'un sang innocent ! Ah ! quel malheur pour moi ! mon père, mon maître et mon docteur, vous ne méritiez pas de mourir ainsi. Et maintenant donc, où irai-je vous chercher, vous la gloire des chrétiens, l’honneur des fidèles ? qui a fait taire votre voix, vous qui faisiez entendre dans les églises des paroles qui avaient la douceur de la flûte, et la sonorité d'un instrument à dix cordes ? Voilà que vous êtes auprès du Seigneur votre Dieu que vous avez désiré de posséder et après lequel vous avez soupiré de tout votre cœur. Jérusalem et Rome, vous vous êtes associées et unies pour faire le mal, Jérusalem a crucifié Notre-Seigneur J.-C., et Rome a tué ses apôtres. Cependant Jérusalem a obéi à celui qu'elle avait crucifié, comme Rome; a établi une solennité pour glorifier celui qu'elle a tué. Et maintenant, mon frère Timothée, ceux que vous aimiez et que vous regrettiez de tout cœur, je parle du roi Saul, et de Jonathas, ils n'ont été séparés ni dans la vie, ni dans la mort, et moi je ne fus séparé de mon seigneur et maître que quand des hommes aussi méchants qu'injustes nous ont séparés. Or, l’heure de cette séparation n'aura qu'un temps :son urne connaît ses amis, sans que ceux-ci lui parlent, et bien qu'ils soient loin d'elle ; mais au jour de la résurrection, ce serait un bien grand dommage d'en être séparé. »
La Ière est une langue fructueuse, car il prêcha l’Evangile depuis l’Illyrie jusqu'à Jérusalem, de là le nom de bouche de trompette.
La 2e est un amour de mère, qui lui fait dire : « Qui est faible, sans que je m’affaiblisse avec lui? (II, Cor., XI) » C'est pour cela que son nom veut dire bouche de ceux, ou bouche de cœur, ainsi qu'il le dit lui-même (II, Cor., VI). « O Corinthiens, ma bouche s'ouvre, et mon cœur s'étend par l’affection que je vous porte. »
La 3e est une conversion miraculeuse, c'est pour cela qu'il est appelé élu admirable, parce qu'il fut élu et converti merveilleusement.
La 4° est le travail des mains,, et voilà pourquoi il est nommé miracle d'élection : ce fut un grand miracle en lui que, de préférer gagner ce qui lui était nécessaire pour vivre et prêcher sans cesse.
La 5e fut une contemplation délicieuse, parce qu'il fut élevé jusqu'au troisième ciel; de là le nom de repos du Seigneur; car dans la contemplation, repos d'esprit est requis.
La 6e est son humilité, de là le nom de modique.
Saint Paul, par Pierre-Étienne Monnot, archibasilique Saint-Jean-de-Latran de Rome Photo Jastrow/Wikimédia Commons
Saint Paul, par Vincenzo Gemito (1852-1929), Gallerie di Piazza Scala de Milan, 1917.Attribution: Fondazione Cariplo Wikimédia Commons
Il aurait obtenu des lettres de recommandation pour rechercher et persécuter les adeptes de la Voie prônée par Jésus à Damas. Selon les Actes des Apôtres, au cours du voyage pour s'y rendre, il rencontra Jésus ressuscité (entre 37 et 402). Il sortit de cette rencontre profondément bouleversé et définitivement persuadé que celui qu'il persécutait était le seigneur donné par Dieu pour le salut de son peuple. Ce bouleversement se manifesta sous la forme d'une chute (on ne parle pas de cheval) et par la perte totale de la vue. Trois jours plus tard, il fut baptisé au nom du Christ par un disciple vivant alors à Damas, du nom d'Ananias, le baptême ayant lieu selon la tradition dans la maison de Saint Ananie (en), un culte étant attesté dès le Ier siècle dans cette crypte formée par deux chambres. Celui-ci lui rend la vue à cette occasion, ce qui signifie probablement que la révélation reçue le fait sortir de son aveuglement. Comme sa fonction d'apôtre semble lui être contestée par les trois « colonnes » qui dirigent le mouvement (Jacques le juste, saint Pierre et saint Jean), il se présente alors lui-même lors de ses voyages comme un apôtre désigné directement par le Christ, et comme le bénéficiaire de la dernière apparition de Jésus (1 Co 15,8). (Wikipédia)
La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas par Le Caravage (1573-1610), Église Sainte-Marie-du-Peuple de Rome, 1600. Domaine publique
Il reçut l’apostolat en faveur des gentils ; il redressa un perclus à Lystra; il ressuscita un jeune homme qui, tombé d'une fenêtre, avait rendu le dernier soupir, et fit grand nombre d'autres miracles. Dans l’île de Malte, une vipère lui saisit la main, mais l’ayant secouée dans le feu, il n'en reçut aucune atteinte. On rapporte que tous les descendants de celui qui donna l’hospitalité à saint Paul ne ressentent aucun mal des bêtes venimeuses; et quand ils viennent au monde, le père met des serpents dans leur berceau pour s'assurer s'ils sont vraiment sa lignée. On trouve encore quelquefois que saint Paul est tantôt inférieur à saint Pierre, tantôt plus grand, tantôt égal ; mais en réalité, il lui est inférieur en dignité, supérieur dans la prédication et égal, en sainteté. (Jacques de Voragine)
Le procès de l'apôtre Paul par Nikolai Bodarevsky (1850–1921) 1875.Domaine publique
Une fois que saint Paul prêchait, vers le soir, sur une terrasse, un jeune homme nommé Patrocle, échanson favori de Néron, monta à une fenêtre pour entendre plus commodément le saint apôtre, à cause de la foule, et s'y étant légèrement endormi, il tomba et se tua. Néron à cette nouvelle eut beaucoup de chagrin de sa mort et aussitôt il pourvut à son remplacement.
Mais saint Paul, qui en fut instruit par révélation, dit aux assistants d'aller et de lui rapporter le cadavre de Patrocle, l'ami du César. On le lui apporta et saint Paul le ressuscita, ensuite il l’envoya à César avec ses compagnons. Comme Néron se lamentait sur la perte de son favori, voilà qu'on lui annonce que Patrocle vivant était à la porte. Néron informé que celui qu'il avait cru mort tout à l’heure était en vie, fut extraordinairement effrayé et refusa de le laisser entrer auprès de lui; mais enfin à la persuasion de ses amis, il permit qu'on l’introduisît. Néron lui dit: « Patrocle; tu vis? » Et Patrocle répondit: « César; je vis. » Et Néron dit « Qui t'a fait vivre? » Patrocle reprit : « C'est Jésus-Christ, le roi de tous les siècles. » Néron se mit en Colère et dit : « Alors celui-ci régnera sur les siècles et détruira donc les royaumes du monde ? » Patrocle lui répliqua: « Oui, César. » Néron lui donna un soufflet en disant: « Donc tu es au service de ce roi? » « Oui, répondit Patrocle, je suis à son service, parce qu'il m'a ressuscité d'entre les morts. »
Alors cinq des officiers de l’empereur qui l’accompagnaient constamment lui dirent : « Empereur, pourquoi frapper ce jeune homme plein de prudence et qui répond la vérité ? Et nous aussi nous sommes au service de ce roi invincible. » Néron, à ces mots, les fit enfermer en prison, afin de tourmenter cruellement ceux qu'il avait aimés jusqu'alors extraordinairement. Il fit en même temps rechercher tous les chrétiens et il les fit punir tous sans forme de procès : Paul fut conduit, chargé de chaînes, avec les autres, par devant Néron qui lui dit: « O homme, le serviteur du grand roi, mais cependant mon prisonnier, pourquoi m’enlèves-tu mes soldats et les prends-tu pour toi? » « Ce n'est pas seulement, répondit saint Paul, dans le coin de la terre où tu vis que j'ai levé des soldats, mais j'en ai enrôlé de l’univers entier: notre Roi leur accordera des récompenses qui, loin de leur manquer jamais, les mettront à l’abri. du besoin. Toi, si tu veux lui être soumis, tu seras sauvé. Sa puissance est si grande qu'il viendra juger tous les hommes et qu'il dissoudra par le feu la figure de ce monde. » Quand Néron, enflammé de colère, eut entendu dire à saint Paul que le feu devait dissoudre la figure du monde, il ordonna qu'on fît brûler tous les soldats de J.-C. et de couper la tête à saint Paul, comme coupable de lèse-majesté.
Or, la foule de chrétiens qui furent tués était si grande que le peuple romain se porta avec violence au palais et se disposait à exciter une sédition contre Néron, en criant tout haut : « Arrête, César, suspends le carnage et l’exécution de tes ordres. Ceux que tu fais périr sont nos concitoyens; ce sont les soutiens de l’empire romain. » Néron eut peur et modifia son édit en ce sens que personne ne mettrait la main sur les chrétiens qu'autant que l’empereur mieux informé les eût jugés.
Saint Paul en prison, par Rembrandt (1606-1669), 1627. Transferred from el.wikipedia; transferred to Commons by User:MARKELLOS using CommonsHelper.This image is in the public domain.
Ayant parlé ainsi, il fut mené au lieu du supplice. Dans le trajet, trois soldats qui le conduisaient lui dirent : « Dis-nous, Paul, quel est celui que tu appelles votre roi, que vous aimez au point de préférer mourir pour lui plutôt que de vivre; et quelle récompense vous recevrez de tout cela? » Alors saint Paul, leur parla du royaume de Dieu et des peines de l’enfer de manière qu'il les convertit à la foi. Ils le prièrent d'aller en liberté où il voudrait, mais il leur dit : « A Dieu ne plaise, mes frères, que je prenne la fuite ; je ne suis pas un transfuge, mais un véritable soldat de J.-C. : car je sais que cette vie qui passe me conduira à une vie éternelle; tout à l’heure, quand j'aurai été décapité, des hommes fidèles enlèveront mon corps. Quant à vous, remarquez bien la place, et venez-y demain matin : vous trouverez auprès de mon sépulcre deux hommes en prières, ce sera Tite et Luc ; quand vous leur aurez dit pour quel motif je vous ai adressés à eux, ils vous baptiseront et vous feront participants et héritiers du royaume du ciel. »
Il parlait encore quand Néron envoya deux soldats pour voir s'il n'était pas encore exécuté; et comme saint Paul voulait les convertir, ils dirent: « Lorsque tu seras mort et ressuscité, alors nous croirons ce que tu dis; pour le moment viens vite et reçois ce que tu as mérité. »
Amené au lieu du supplice, à la porte d'Ostie, il rencontra une, matrone nommée Plantille ou Lémobie, d'après saint Denys (peut-être elle avait deux noms). Cette dame se mit à pleurer et à se recommander aux prières de saint Paul qui lui dit : « Va, Plantille, fille du salut éternel, porte-moi le voile dont tu te couvres la tête, je m’en banderai les yeux et ensuite je te le remettrai. » Et comme elle le lui donnait, les bourreaux se moquaient d'elle en disant: « Qu'as-tu besoin de donner à cet imposteur et à ce magicien un voile si précieux que tu perdras ? »
Paul étant donc venu au lieu de l’exécution, se tourna vers l’Orient et pria très longtemps dans sa langue maternelle, les mains étendues vers le ciel et en versant des larmes, il rendît grâces. Ensuite, ayant dit adieu aux frères, il se banda les yeux avec le voile de Plantille; puis ayant fléchi les deux genoux en terre, il présenta le cou et fut ainsi décollé. Au moment où sa tête fut détachée du corps, il prononça distinctement en hébreu: « Jésus-Christ » ; nom qui avait été d'une grande douceur pour lui dans sa vie et qu'il avait répété si souvent. On dit en effet que, dans ses Epitres, il répéta Christ, ou Jésus, ou l’un et l’autre ensemble. cinq cents fois. Du lait jaillit du corps mutilé jusque sur les habits d'un soldat ; ensuite le sang coula : une lumière immense brilla dans l’air et une odeur des plus suaves émana de son corps.
Saint Denys dans son épître à Timothée s'exprime ainsi sur la mort de saint Paul : « A cette heure pleine de tristesse, mon frère chéri, quand le bourreau dit à saint Paul : « Prépare ton cou », alors le bienheureux apôtre leva les. yeux au ciel, se munit le front et la poitrine du signe de la croix et dit : « Mon Seigneur J.-C., je remets mon esprit entre vos mains.» : et alors sans tristesse et sans contrainte, il présenta le cou et reçut la couronne. » Au moment où le bourreau frappait et tranchait la tête de Paul, ce bienheureux, en recevant le coup, détacha le voile, et reçut son propre sang dans ce voile, le lia, le plia et le rendit à cette femme. Et quand le bourreau fut revenu, Lémobie lui dit : « Où as-tu laissé mon maître Paul? » Le soldat répondit : « Il est étendu là-bas avec son compagnon, dans la vallée du Pugilat, hors de la ville ; et sa figure est couverte de ton voile. » Or, Lémobie répondit : « Voici que Pierre et Paul viennent d'entrer à l’instant, revêtus d'habits éclatants, portant sur la tête des couronnes brillantes et rayonnantes de lumière. »
* Ce fait est rapporté par Grégoire de Tours.
Facial composite of Saint Paul by experts of LKA NRW, Germany Attribution: LKA NRW Wikimédia Commons
Alors Néron devint comme fou tant il avait été effrayé; il ne savait ce qu'il faisait. Par le conseil de ses amis, il délivra Patrocle et Barnabé avec les autres chrétiens et leur permit d'aller librement où ils voudraient. Quant aux soldats qui avaient conduit Paul au supplice, savoir Longin, chef des soldats, et Acceste, ils vinrent le matin au tombeau de saint Paul et ils y virent deux hommes, Tite et Luc en prières, et Paul debout au milieu d'eux. Tite et Luc, en voyant les soldats, furent fort effrayés et prirent la fuite ; alors Paul disparut. Mais Longin et Acceste leur crièrent : « Non, ce n'est pas vous que nous poursuivons, ainsi que vous le paraissez croire, mais nous voulons recevoir le baptême de vos mains, comme nous l’a dit Paul que nous venons de voir prier avec vous. »
'Conversion of Saint Paul'Michelangelo Buonarroti (1475–1564)1542 From Web Gallery of Art - http://www.wga.hu/index1.html. Web Gallery of Art has agreed to use of images on Wikipedia.
Saint Paul Writing His Epistles Valentin de Boulogne (1591–1632) Blaffer Foundation Collection, Houston Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
La Légende Dorée
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