mercredi 26 juin 2013

Les années 410 (de 410 à 419) Culture

Religion et philosophie

412-413 : Augustin d'Hippone (voir les années 390 culture) commence la rédaction de De Civitate Dei contra paganos (La Cité de Dieu).

Tableau de James Tissot (1836–1902) montrant Caïn menant Abel à la mort. Caïn est considéré par Augustin comme le fondateur de la Cité terrestre qui « a un commencement et une fin terrestre » alors qu'Abel est plus tourné vers la Cité de Dieu. This work is in the public domain in the United States, and those countries with a copyright term of life of the author plus 100 years or less.

La Cité de Dieu (De Civitate Dei contra paganos) dont le titre exact est la Cité de Dieu contre les païens est une œuvre en vingt-deux livres d'Augustin d'Hippone (saint Augustin). Le premier livre de La Cité de Dieu fut rédigé par Augustin en 413, le vingt-deuxième fut achevé treize ans plus tard.

Dans les Rétractations, vaste relecture par Augustin de l'ensemble de son œuvre pour en dire les erreurs ou les regrets, l'évêque d'Hippone rappelle lui-même le plan qu'il a suivi pour ces vingt-deux livres :
« Les cinq premiers (1-5) réfutent ceux qui veulent que les destinées des choses humaines tiennent au maintien du culte que les païens ont voué aux faux dieux et qui prétendent que tous les maux arrivent et abondent, parce que ce culte est prohibé.
Les cinq suivants (6-10) sont dirigés contre ceux qui avouent que ces maux n’ont jamais été et ne seront jamais épargnés aux mortels, et que grands ou moindres, ils varient selon les lieux, les temps et les personnes ; mais qui soutiennent en même temps que le culte des faux dieux avec ses sacrifices, est utile à la vie qui doit suivre la mort. Ces dix livres mettent à néant ces deux opinions erronées et opposées à la religion chrétienne.
Mais, pour ne pas être exposé au reproche de nous être borné à réfuter les doctrines de nos adversaires et de n’avoir pas établi les nôtres, la seconde partie de l'ouvrage, qui contient douze livre s(11-22), s’occupe de cette matière. Toutefois, quand il en était besoin, nous n’avons pas manqué, dans les dix premiers livres, d’affirmer nos doctrines, ni dans les douze derniers de réfuter nos adversaires. De ces douze derniers, les quatre premiers (11-14) contiennent l'origine des deux cités, dont l’une est la cité de Dieu, l'autre la cité de ce monde. Les quatre seconds (15-18), leurs progrès et leurs développements. Les quatre troisièmes, qui sont les derniers (19-22), les fins qui leur sont dues. De plus, quoique les vingt-deux livres traitent des deux cités, ils n’empruntent leur titre qu'à la meilleure, la cité de Dieu. »
— Saint Augustin, Rétractations, II,43,1-3.

Victor de Laprade — Poèmes évangéliques
La Cité de Dieu
I
(...)Autour de cet autel où l’amour mit ses flammes,
S’exhalent, jour et nuit, tous les parfums des âmes :
Les larmes du remords, les soupirs innocents,
Le sacrifice obscur dont Dieu goûte l’encens,
Les modestes vertus dont lui seul sait le compte,
Et les longues sueurs de l’âme qui se dompte.
Là, creusant dans les cœurs pour en extraire l’or,
Les douleurs pour le ciel amassent un trésor.
Là, penché sur nos fleurs, un séraphin recueille
La chasteté des lis et leur miel feuille à feuille.
Là, devant Dieu, les pleurs tombés des cœurs aimants
Remplissent les boisseaux de leurs purs diamants.(...)   

415-417 : Historiae adversus paganos (Histoires contre les païens ) du polygraphe espagnol Paulus Orosius.


Paul Orose Miniature tirée d'un manuscrit de Saint-Epure Siglo XI. This image (or other media file) is in the public domain because its copyright has expired.

Orose a composé la première histoire universelle chrétienne, depuis la création du monde jusqu'à son temps, ab orbe condito usque ad dies nostros. La présence de cette histoire dans toutes les bibliothèques médiévales un peu importantes atteste l'immense succès, en même temps que la durée de l'influence d'un auteur qui a été aussi la source de savants compilateurs, de Cassiodore à Paul Diacre en passant par Alfred le Grand, Isidore de Séville et Bède le Vénérable. Ibn Khaldoun se servira de l'histoire d'Orose à son tour pour la rédaction de la partie consacrée à l'histoire antique de son fameux Livre des Exemples, l'appelant Heroshioush.
L'association de l'idée d'une providence liée à la monarchie impériale connut un grand succès au Moyen Âge. Cette influence se retrouve notamment dans la Chronique d'Otton de Freising ou le De monarchia de Dante Alighieri.

''(...)II, 43, 19-20  J'ai développé avec l'aide du Christ selon ta direction, très saint père Augustin, depuis le début du monde jusqu'au jour présent, c'est-à-dire au long de cinq mille six cent dix-huit années, les passions et les châtiments des hommes pécheurs, les épreuves du siècle et les jugements de Dieu, le plus brièvement et le plus simplement que j'ai pu, les temps chrétiens s'étant cependant distingués de cet ancien désordre de l'incroyance à cause de la présence croissante de la grâce du Christ. Ainsi, quant à moi, je jouis désormais de la sûre récompense de mon obéissance, la seule que je devais ardemment désirer; quant à la qualité de ces petits ouvrages, c'est à toi qui les a commandés d'en juger; ils te seront attribués si tu les publies, ils auront été condamnés par toi si tu les détruis."
Attribution http://bcs.fltr.ucl.ac.be/encyc-1/orose.htm

417 : année probable de la rédaction du De Reditu suo de Rutilius Namatianus
Il s’agit avant tout d’une œuvre poétique qui présente un contraste saisissant entre la splendeur du passé et un présent de ruines et de désolation. On perçoit dans la poésie de Rutilius l’appréhension d’un avenir lourd d’incertitudes.
On n'a pas conservé l'ensemble du De reditu suo. On ne conserve que le livre I, ainsi que les 68 premiers vers du livre II, et quelques extraits.
Le texte que nous conservons présente la partie du voyage qui va du départ d'Ostie (31 octobre 417) à l'arrivée à Luni (11 novembre 417, c'est-à-dire le jour de la « fermeture » de la navigation sur mer). Après un vibrant éloge de la Rome éternelle qu'il doit quitter (éloge dans lequel il présente Rome comme la « plus belle reine du monde » — Regina tui pulcherrima mundi, I, 47 —, mère des hommes et mère des dieux — Genitrix hominum genitrixque deorum, I, 49 —, qui a fait une seule patrie de peuples divers — fecisti patriam diuersis gentibus unam, I, 63), Rutilius Namatianus décrit les paysages qu'il voit, et surtout les réflexions mélancoliques qu'ils lui inspirent : car nous avons en Rutilius un des derniers représentants de la littérature païenne, fortement attaché à la grandeur du passé romain (même s'il semble croire au destin éternel de Rome, comme le suggère l'éloge qu'il en fait), et représentant parfaitement l'attitude politique, culturelle et littéraire de ce que P. de Labriolle a appelé la « réaction païenne ».
Ainsi, le lyrisme éprouvé face à certains paysages (par exemple la description de « l'aurore humide de rosée qui luit dans un ciel empourpré » (Roscida puniceo fulsere crepuscula caelo, I, 277) laisse parfois la place à une violente satire d'ordre culturel et politique (contre les Juifs — I, 387-390 —, contre les moines — I, 439-453, puis I, 515-526 —, contre Stilicon, présenté comme un traître — 2, 39-60), qui témoigne de l'aigreur d'un des derniers intellectuels païens attachés à la Rome traditionnelle, au moment où triomphe le christianisme. Car l'antisémitisme de Rutilius, ainsi que sa haine des moines, sont autant d'attaques dissimulées contre le christianisme, qu'un intellectuel ne peut plus, à son époque, attaquer de front : l'insulte de radix stultitiae (« souche de sottise », I, 389) employée contre les Juifs semble faire allusion à la « sottise » issue de cette souche, c'est-à-dire au christianisme ; de même, le « scandale » que constitue la vie asociale des moines, est étendu par Rutilius à toute leur « secte » (secta, I, 525), qui semble empoisonnée par un poison plus violent que celui de Circé…

Itinéraire de Rutilius Claudius Namatianus
ou son retour de Rome dans les Gaules
Traduit en français par F.-L. Collombet
 (...)S'il faut croire ce qu'on en dit, ce fut un taureau qui, avec son front, découvrit la fontaine dont ces bains chauds ont été dormés; il préludait au combat, en faisant voler la poussière, comme c'est la coutume des taureaux, et sa corne inclinée donna contre un vieux tronc. Peut-être aussi un dieu, ne voulant pas que le tésor de ce sol brûlant fût ignoré, se cacha-t-il sous la figure et les armes d'un taureau, de même que, lorsqu'il s'apprêtait à goûter sur les mers la joie du larcin fait à Agénor, il sollicita la vierge pour qu'elle devint son fardeau. Non, la Grèce n'est pas le seul pays des prodiges difficiles.(...)


Wikipédia

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