dimanche 26 mai 2013

Les années 160 (de 160 à 169) Culture

Inventions, découvertes, introductions

À Rome, on fabrique du savon à base de graisse, de chaux et de cendres.
Les Sumériens ne semblent pas le connaître trois millénaires avant notre ère. Un millénaire plus tard, des textes décrivent la saponification. Un millénaire avant notre ère, les Phéniciens exportent le savon et le fabriquent à partir d'huile d'olive et de soude végétale, comme deux millénaires plus tard en Syrie, en Grèce ou à Marseille. Ce savon était particulièrement réputé pour ses propriétés supposées désinfectantes, dues principalement à l'usage de cendres de laurier dans sa fabrication.
Les Égyptiens se frottaient avec du natron, du carbonate de soude hydraté naturel extrait des lacs salés après évaporation. Les Germains et les Celtes utilisaient de la graisse de chèvre et des cendres de bouleau pour fabriquer leur savon.
Le savon est, selon Pline, une invention gauloise qui décrit savons durs et savons mous.  

161 : les Institutes, recueil de lois du juriste Gaius.
Gaïus était un juriste du IIe siècle, auteur, notamment, des Institutes. 

Gaius, juriste romain Sculpture of the Roman jurist Cayo (Caius in Latin) placed in the facade of the Supreme Court of Madrid, Spain. Author: Basilio/Wikimédia Commons

Outre un commentaire de l'édit du préteur, et un commentaire de la Loi des Douze Tables, le principal ouvrage connu de Gaïus est un ouvrage destiné à l'enseignement : les Institutes. Ce manuel correspond à une année d'études dans la formation de futurs juristes. Il obtint un succès considérable en raison de la rationalité de sa présentation. En effet Gaïus fait d'abord une introduction sur les sources du droit. Puis il organise son propos dans un plan tripartite : « Tout le droit que nous utilisons se rapporte soit aux personnes, soit aux biens, soit aux actions ». Cette présentation est encore celle du code civil français (même plan tripartite) et de bien des manuels de droit contemporain, développant les distinctions entre les personnes et les biens, ou entre les sujets du droit, les objets du droit et les sanctions du droit.
La source de cette organisation rationnelle est certainement la philosophie grecque, qui a pénétré le droit romain. Cicéron, dans son De Oratore souhaitait que ce lien soit fait entre la philosophie grecque et la science du droit à Rome. Gaïus réalise le vœu de Cicéron, en traitant l'ensemble du droit. Il divise les catégories juridiques en « genres » et en « species ».
Dans l'empire romain, le poids de la pièce d’or, l’aureus, tombe de 7,81 g sous Auguste à 7,12 g sous Marc Aurèle.

Septimius Severus, 193–211 AD. Aureus (7.23 gm). Struck 193 AD to celebrate the legion that proclamed him emperor. Attribution: Classical Numismatic Group, Inc. http://www.cngcoins.com

L'aureus (aurei au pluriel) ou denier d'or est une monnaie romaine d'or valant 25 deniers d'argent, soit 100 sesterces. Son émission devient régulière à partir de Jules César (Ier siècle av. J.-C.), et se poursuit sous l'Empire romain jusqu'à son remplacement au début du IVe siècle par le solidus. L'aureus a approximativement la même taille que le denier, mais il est plus lourd que ce dernier, car la densité de l'or est plus élevée que celle de l'argent.
Religion et philosophie

Arrivée des premiers moines bouddhistes en Chine.

Le gnostique Ptolémée, disciple de Valentin suggère dans sa Lettre à Flora que la loi mosaïque contient des passages inauthentiques. Il distingue trois parties : la première venant de la révélation divine, la seconde de Moïse, et la troisième, consistant en traditions transmises par les anciens docteurs juifs. Il précise que l’enseignement du Christ permet de discerner le vrais du faux dans cette législation.
Le gnosticisme est un mouvement religieux regroupant des doctrines variées du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient qui se caractérisent généralement par la croyance que les hommes sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé le Démiurge. Le mouvement connut son apogée au cours du IIe siècle.
Tetrabiblos, traité d'astrologie de Ptolémée, astronome et astrologue (voir les années 150).
Le Tetrabiblos est un ouvrage sur l'astrologie écrit en grec par Ptolémée, qui fut traduit du grec en arabe, puis de l'arabe en latin.
Le Tetrabiblos est une encyclopédie compilant le savoir antique de l'étude de l'astrologie vue par les Greco-Romains. C'est un ouvrage qui fait référence en matière d'astrologie.
Discours aux Grecs, de Tatien le Syrien (premier traité de démonologie de la littérature chrétienne).
Cette apologie a suscité de nombreuses interrogations de date et de lieu, mais aussi d'intention. Par ailleurs, les règlements de comptes du chrétien assyrien avec la culture grecque y tiendraient plus de place que la défense du christianisme.
On peut distinguer une première partie qui serait un exposé de la foi chrétienne, constamment entrecoupé d'invectives contre les philosophes. Tatien y traite successivement de Dieu, de la relation entre le Logos et le Père, de la création du monde, de la création de l'homme, de la résurrection et du jugement dernier.
La création de l'homme implique deux esprits : un esprit émanant du Père, présent en chaque créature à laquelle il donne forme, et un logos issu de son Logos en puissance qui fait des anges et des hommes des images de Dieu. Le péché paraît produire une dissociation, ne laissant plus à l'homme qu'une âme devenue mortelle (mais promise à la résurrection).
Cette première partie se termine par la liberté de la volonté, le péché d'Adam, la création des anges et leur chute, les démons.
Ces démons introduisent à la deuxième partie qui est une démonologie autant qu'une doctrine du salut. On peut tenter de la résumer ainsi : l'homme, en usant mal de sa liberté, s'est asservi aux démons ; mais il a la possibilité de s'en affranchir par le renoncement radical à toutes les choses terrestres. Il lui faut arriver à unir de nouveau son âme au pneuma, l'esprit divin qui à l'origine siégeait en lui, mais qui en a été chassé par le péché, œuvre des démons. Les démons qui ne sont que les reflets de la matière et de la méchanceté ne peuvent accéder au repentir et à la pénitence ; mais l'homme qui est image de Dieu peut se sauver par la mortification. Si on comprend bien, l'ascétisme est une sorte de préparation du pécheur à la mort, une première séparation (volontaire) de l'âme avec les choses matérielles, la séparation totale réalisée dans la mort étant la condition pour qu'elle retrouve son immortalité.
La dernière partie est un sombre tableau de l'hellénisme. Tout y passe une fois de plus : la philosophie, la loi, le théâtre, les jeux, la danse, la musique, la poésie... Comparée à tout cela, la religion chrétienne n'en brille que d'un éclat plus vif. Tatien démontre enfin par une chronologie comparée des civilisations que Moïse est plus ancien qu'Homère et les Sept sages.
Lucien de Samosate démontre l'absurdité du fatalisme défendue par les disciples de Chrysippe.
Chrysippe de Soles est un philosophe stoïcien né vers 280 à Soli, en Cilicie et mort en 206 av. J.-C.. Il fut le deuxième scolarque du Portique, après Cléanthe, de 232 à 206 av. J.-C.. Il est le « second fondateur du stoïcisme », après Zénon de Cition en 301 av. J.-C.
Le fatalisme n'est pas exactement une doctrine stoïcienne puisque cette dernière parle d'un destin rationnel qui se distingue de la puissance surnaturelle du fatalisme comme les dieux. « Toutes choses ont lieu selon le destin ; ainsi parlent Chrysippe au traité Du destin, Posidonios au deuxième livre Du destin, Zénon et Boéthus au premier livre Du destin » (Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VII, 149). Le fatum stoicum n’est pas une puissance irrationnelle, mais l’expression de l’ordre imprimé par la raison divine — le logos — à l’univers : « Le destin est la cause séquentielle des êtres ou bien la raison qui préside à l'administration du monde » (ibidem). C’est donc un principe qui relève moins de la religion que de la science et de la philosophie, étant donné que le dieu stoïcien n'est autre que la raison.
Art et culture
Littérature

Indica, ouvrage sur l'Inde et ses habitants, d'Arrien (voir les années 150).
Indica  : complément à l’Anabase (servant de livre VIII), rédigé en dialecte ionien (le dialecte d'Hérodote), inspiré en partie par le récit de Néarque et la Géographie de Strabon, ainsi que par le récit que fit l'ambassadeur Mégasthène à la cour de l'empire de Chandragupta Maurya. L'étude de Mégasthène, richement documentée et fournissant des données uniques sur l'histoire de l'Inde, nous est connu principalement par le résumé de ce livre VIII de l'Anabase.  ;
voir 8° livre de l'Anabase. L'Inde, trad. P. Chantraine, Les Belles Lettres, 1927, 152 p. - trad. anglaise ; texte grec et latin.
Daphnis et Chloé, œuvre du romancier grec Longus de Lesbos (date probable).

Daphnis et Chloé de Jean-Pierre Cortot, 1824, musée du Louvre Source/Photographer: Jastrow (2006)/Wikipédia Commons

Le roman, fortement inspiré par la poésie bucolique, et également par les Idylles de Théocrite, se déroule sur quatre livres. Le sujet de Daphnis et Chloé se distingue des autres romans grecs par son décor bucolique et l’ironie constante qui préside au déroulement de l’action. Celle-ci a lieu dans la campagne, près de la cité de Mytilène. Daphnis est un jeune chevrier, enfant trouvé. Chloé, quant à elle, une bergère, également enfant trouvée. Ils s’éprennent l’un de l’autre mais de multiples rebondissements les empêchent d’assouvir leur amour. C'est avant tout leur éducation sentimentale qui est décrite tout au long de ces péripéties. À la fin du roman, chacun retrouve ses véritables parents, et la noce peut avoir lieu.
Architecture
Vers 160 :
Construction du temple de Nébo à Palmyre.
Construction des propylées du temple d'Artémis à Gerasa (Jerash).
 
Temple d'Artémis à Gérasa Author: David Bjorgen/Wikipédia Commons

160-161 : en l'honneur de son épouse Regilla décédée en 160, l'orateur grec Hérode Atticus fait construire à Athènes un Odéon (théâtre), qui en dépit de sa taille est recouvert par un toit.

La fontaine Pirène, érigée par Hérode en souvenir de sa femme Regilla Original uploader was Urban at fr.wikipedia

162 : fin de la construction de l'aqueduc de Zaghouan, pour alimenter Carthage en eau.

 
Ruines de l'aqueduc dit de Zaghouan. Elcèd77/Wikipédia Commons

163 : dédicace du temple de Zeus à Jerash.
 
Le Temple de Zeus à Jerash en Jordanie Author: Bernard Gagnon/Wikipédia Commons

Vers 166/167 : capitole de Dougga.
 
Capitole de Dougga. Author: AlmaGz/Wikipédia Commons

Vers 168/169 : théâtre de Dougga.

 
Théâtre de Dougga en Tunisie.Author: GIRAUD Patrick/Wikipédia Commons

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