mercredi 29 mai 2013

La coupe de Sainte Agnès


Imagerie

La première scène du couvercle : Procope offre un coffret de joyaux à Agnès.British Museum Photographer: Fæ (Own work)/Wikimédia Commons

Le cycle de scènes de la vie de sainte Agnès et de sa sœur de lait Émérentienne suit l'histoire traditionnelle rapportée dans la Légende dorée de Jacques de Voragine ; certaines formulations de cette compilation d'hagiographies se retrouvent dans les banderoles explicatives présentes sur la coupe. Ces bandeaux citent également la Vulgate latine, essentiellement pour la liturgie de la fête de la sainte-Agnès ; il a été suggéré que les deux anneaux de perles représentent la langue des chants utilisés pour le service. Il semble plausible que des conseils cléricaux aient été suivis, au moins pour les textes présents dans les inscriptions. 
Agnès et sa sœur vivent à Rome à l'époque de l'empereur Constantin, ce qui n'empêche pas la coupe de ne présenter que des personnages vêtus à la mode du XIVe siècle. L'histoire débute à l'intérieur du corps de la coupe, avec un médaillon rond représentant Agnès, vêtue d'un chaperon, agenouillée devant un personnage barbu, son professeur. Elle tient un livre portant l'inscription Miserere mei Deus sancte (« Aie pitié de moi, Dieu saint »), et une banderole indique : In corde meo abscondi eloquia tua ut non peccem tibi (« Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi. », Psaumes 119:11). Le sommet du couvercle poursuit l'histoire jusqu'au martyre d'Agnès à travers cinq scènes. 
La ligne du sol est continue, mais des petits cailloux marquent les séparations entre chaque scène (des arbres occupent la même fonction sur la base). Des rayons de soleil partent du centre du couvercle et s'étendent sur toutes les scènes ; l'émail rouge qui les emplissait a presque totalement disparu.
Dans la première scène, les deux filles reviennent de l'école. Agnès est accompagnée d'un agneau (calembour sur son nom et le latin agna) portant un halo cruciforme et porte les palmes du martyre. Elles sont abordées par Procope, le fils du préfet romain, qui est amoureux d'Agnès et lui présente un coffret de joyaux pour la convaincre de l'épouser. L'intérieur de ce coffret est blanc, la seule couleur d'émail opaque de l'œuvre originale, qui n'est utilisée que pour souligner des détails, comme la petite partie de l'hostie tenue par le Christ à l'intérieur du couvercle. Agnès le repousse en déclarant (dans une banderole au-dessus de la scène) : Illi sum desponsata cui angeli serviunt (« Je suis promise à celui que servent les anges »). 
Le préfet apparaît derrière son fils. Dans la scène suivante, il force Agnès à se rendre dans un lupanar, parce qu'elle est chrétienne et refuse de sacrifier à la déesse Vesta. Agnès fait du lupanar un lieu de piété, et lorsque le fils du préfet s'y rend pour la prendre de force, il est étranglé à mort par le diable. L'événement est illustré par la scène suivante sur la coupe : Agnès est représentée devant le lupanar, qui ressemble à une guérite, avec à ses pieds le fils du préfet, étendu au sol devant le diable, tandis que le préfet contemple tristement la scène. Une banderole indique : Quo modo cecidisti qui mane oriebaris (« Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore », Isaïe 14:12).

En haut, la deuxième scène du couvercle : Agnès devant le lupanar et Procope mort. Au centre, la lapidation d'Émérentienne, et en bas, le bœuf ailé, symbole de saint Luc.

 

En haut, la deuxième scène du couvercle : Agnès devant le lupanar et Procope mort. Au centre, la lapidation d'Émérentienne, et en bas, le bœuf ailé, symbole de saint Luc Source/Photographer: JMiall (Own work)/Wikimédia Commons  

Dans la scène suivante, Agnès, émue par le chagrin du préfet, prie pour que son fils retrouve la vie, ce qu'un ange accomplit. Procope se repentit et s'agenouille devant elle, tandis qu'elle se penche vers lui pour dire : Vade amplius noli peccare (« Va et ne pèche plus », Jean 8:11). Toutefois, ce miracle émeut les prêtres païens, qui exigent l'exécution d'Agnès. Le préfet, tiraillé entre sa reconnaissance et son désir de conserver sa position, laisse un autre fonctionnaire s'occuper du cas. Les deux apparaissent en pleine discussion sur la coupe, avec la légende Nihil invenio cause in eam (« Je ne trouve rien de coupable en elle », Luc 23:4). La dernière scène de la coupe représente le martyre d'Agnès ; elle est condamnée à brûler vive, mais les flammes s'écartent d'elle, aussi le magistrat finit-il par ordonner qu'elle soit percée d'une lance (une épée selon la Légende dorée68). Ses dernières paroles sont : In manus tuas domine commendo animam meam (« Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains », Luc 23:46).

La première scène sous le corps : l'inhumation d'Agnès.

 
La première scène sous le corps : l'inhumation d'Agnès.Source/Photographer: BabelStone (Own work)/Wikimédia Commons

L'histoire se poursuit sur le bas du corps de la coupe, en commençant avec l'inhumation d'Agnès. Un linceul recouvre son sarcophage, dont l'émail rouge a subi des pertes importantes qui révèlent nettement les lignes gravées en dessous. Un prêtre tonsuré muni d'un goupillon et un acolyte avec une croix officient, tandis qu'Émérentienne à gauche et la mère d'Agnès à droite assistent à la cérémonie. La banderole surplombant la scène indique : Ecce quod concupivi iam teneo (« À présent je possède ce que je désirais »). Dans la scène suivante, des païens arrivent pour mettre un terme à la cérémonie. Seule Émérentienne est restée, et elle est lapidée tandis qu'elle prie. L'inscription indique : Veni soror mea mecum in gloria (« Ma sœur, entre dans la gloire avec moi »). Elle meurt, et la scène suivante présente les deux martyres, accompagnées par deux autres martyres féminines inconnues (« une grande multitude de vierges vêtues d'or et d'argent » dans la Légende dorée68), telles qu'elles apparaissent dans une vision aux amis d'Agnès, huit jours après sa mort, tandis qu'ils sont réunis autour de son sarcophage, où a également été placé le corps d'Émérentienne.

Dans la scène suivante, Constantine, fille de l'empereur Constantin, est endormie sur le sarcophage ; elle porte une couronne. Victime de la lèpre, elle a entendu parler de la vision sur la tombe d'Agnès et s'y est rendue pour prier. À gauche apparaît un jeune homme sur des béquilles, probablement venu pour la même raison. La femme endormie près de la tombe est soit une servante de la princesse, soit une personne venue elle aussi prier. Agnès apparaît à Constantine dans son sommeil, son agneau dans les bras, et dit : Si in xpm (Christum) credideris sanaberis (« Si tu crois en Christ, tu seras guérie », adaptation du texte de la Légende dorée68). Dans la scène finale, Constantine, guérie et baptisée, raconte l'histoire à son père. L'inscription indique : Hec est virgo sapiens una de numero prudencium (« Voici une sage vierge, à compter au nombre des prudentes »).
L'intérieur du couvercle contient un médaillon d'émail circulaire aux bordures dorées ouvragées. Il représente le Christ à hauteur de poitrine, faisant un signe de bénédiction et tenant un calice contenant une hostie. Il est entouré d'une auréole solaire de couleur rouge. En dessous des deux cylindres ajoutés à la jambe de la coupe, le pied est entouré par les représentations des quatre symboles des Évangélistes, se faisant face deux à deux, sur une surface verte. Lightbown note qu'il s'agit « d'un autre exemple d'une volonté de représentation réalistique ».

Wikipédia

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