L'Apôtre André An icon of St. Andrew the Apostle by the Bulgarian iconographer Yoan from Gabrovo. 19th century. Exhibited at Hadzhi Nikoli Inn museum, Veliko Tarnovo, Bulgaria. Attribution: © Plamen Agov • studiolemontree.com
André veut dire beau, ou caution, ou viril, d'ander, homme; ou bien encore anthrôpos, homme, d'ana, au-dessus, et tropos tourné, ce qui est la même chose que converti, comme s'il eût été converti aux choses du ciel et élevé vers son créateur. Aussi, est-il beau dans sa vie, caution d'une doctrine pleine de sagesse, homme fort dans son supplice, et élevé en gloire. Son martyre fut écrit par les prêtres et les diacres d'Achaïe ou d'Asie qui en ont été les témoins oculaires.
'Heiliger Andreas als Apostel mit Andreaskreuz' Meister von Meßkirch (1500–1543) vers 1535/40 huile sur toile Staatsgalerie (Stuttgart) Allemagne Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Et tout aussitôt, avec cet autre disciple, il vint et vit où demeurait Jésus, et ils passèrent ce jour auprès de lui. Et André ayant rencontré Simon, son frère, il l’amena à Jésus. Le lendemain ils retournèrent à leur métier de pêcheurs. Plus tard il les appela pour la seconde fois à vivre avec lui. Ce fut le jour où la foule se pressait sur les pas de Jésus auprès du lac de Génésareth aussi appelé mer de Galilée ; le Sauveur entra dans la barque de Simon et d'André, et après une pêche extraordinaire, il appela Jacques et Jean qui étaient dans une autre barque. Ils le suivirent et revinrent ensuite chez eux. Jésus les appela la troisième et dernière fois pour être ses disciples, lorsque se promenant sur le bord de cette même mer où ils se livraient à la pêche : « Venez, leur dit-il, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. »
Ils quittèrent tout à l’instant pour le suivre toujours et ne plus retourner en leur maison. Toutefois il appela André et d'autres de ses disciples à l’apostolat, selon que le rapporte saint Marc (III): « Il appela à lui ceux qu'il voulut lui-même et ils vinrent à lui au nombre de douze. »
The Crucifixion of St. Andrew Master of the Murano Gradual 1440-50 Tempera and gold leaf on parchment (29.3 x 24.6 cm) Saint Louis, Missouri, United States Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
Ce qu'on rapporte ici de la délivrance de Mathieu et de la guérison de ses deux yeux, je ne le crois pas digne de foi; car ce serait peu d'honneur porter à un si grand évangéliste de croire qu'il n'a pu obtenir pour soi-même ce que André obtint si facilement.
Un jeune noble s'étant attaché à l’apôtre malgré ses parents, ceux-ci mirent le feu à une maison où leur fils demeurait avec André. Comme la flamme s'élevait déjà fort haut, ce jeune homme prit un vase, en répandit l’eau sur le feu qui s'éteignit aussitôt. « Notre fils, dirent alors ses parents, est déjà un grand magicien. » Et pendant qu'ils voulaient monter au moyen des échelles, Dieu les aveugla au point qu'ils ne les voyaient même pas. Alors quelqu'un s'écria : « A quoi vous sert de vous consumer en vains efforts ? Dieu combat pour eux et vous ne le voyez point ! Cessez donc, de crainte que la colère de Dieu ne descende sur vous. » Or beaucoup de témoins de ce fait crurent au Seigneur; quant aux parents; ils moururent et furent enterrés cinquante jours après.
Une femme mariée à un assassin ne pouvait accoucher : « Allez, dit-elle à sa sœur, invoquer pour moi Diane notre déesse. » Le diable dit à celle qui l’invoquait: « Pourquoi t'adresser à moi qui ne saurais te secourir? Va plutôt trouver l’apôtre André qui pourra aider ta sœur ** » Elle y alla, et mena l’apôtre chez sa sœur en danger de périr. Il lui dit: « Il est juste que tu souffres, car tu es mal mariée ; tu as conçu dans le mal, et tu as consulté les démons. Cependant repens-toi, crois en J.-C. et accouche. » Elle crut, et accoucha d'un avorton; puis sa douleur cessa.
* L'Ethiopie. Nicéphore appelle la ville Myrmenen, lib. I, c. XLI, il ajoute que c'était le pays des anthropophages.
* S. Jérôme; Épître 148 à Marcelle; — Grégoire de Tours De Gloria Martyr., lib. I, c. XXXI; — S. Paulin, Gaudence de Bresce, Pierre Chrysologue, etc.
La lettre des prêtres d'Achaïe, sur le martyre de saint André, est une pièce du 1er au IIe siècle, qui a été démontrée authentique par le protestant Woog. Voyez sur cette épître la préface de Galland Veter Patr. Biblioth., I, prol., p. 38.
* Abdias, Saint André, c. XII.
** Idem, Ibid., c. XXX.
Le martyre de Saint-André Pierre Paul Rubens (1577–1640) 1638 huile sur toile exposée à Madrid (Espagne) à Hospital de San Andrés de los Flamencos Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
« Je ne mangerai point avant de savoir si le Seigneur aura pitié de ce vieillard. » Après cinq jours de jeûne, une voix se fit entendre à André et dit: « André, tu obtiens ce que tu sollicites pour ce vieillard, mais de même que tu t'es macéré par le jeûne aussi faut-il que pour être sauvé, lui aussi s'affaiblisse par les jeûnes. » C'est ce que fit le vieillard en jeûnant pendant six mois au pain et à l’eau; après quoi, plein de bonnes œuvres, il reposa en paix. Et une voix dit à André : « Par ta, prière, j'ai recouvré Nicolas que j'avais perdu. »
* Abdias, Saint André, c. XXXIII.
Un jeune chrétien confia ce qui suit sous le plus grand secret à saint André*. « Ma mère, éblouie de ma beauté, me tenta pour une œuvre illicite : comme je n'y consentais pas, elle alla trouver le juge, dans l’intention de faire peser sur moi l’énormité d'un tel crime: mais priez pour moi de peur que je ne meure injustement; car lors de l’accusation, je préférerai me taire et perdre la vie plutôt que déshonorer ainsi ma mère. » Le jeune homme est donc mandé cri justice : André l’y suit. La mère accuse positivement son fils d'avoir voulu la violer. Interrogé plusieurs fois si la chose s'était ainsi passée, le jeune homme ne répondit mot. André dit alors à cette mère. « O la plus cruelle des femmes, de vouloir la perte de ton fils unique pour satisfaire ta débauche ! » La mère dit donc au juge : « Seigneur, voilà l’homme auquel s'est attaché mon fils après qu'il eût tenté de consommer son crime, sans pouvoir le commettre. » Alors le juge irrité condamna le jeune homme à être mis en un sac enduit de poix et de bitume puis ensuite jeté dans la rivière ; et il ordonna de garder en prison André, jusqu'à ce qu'il eût trouvé un supplice pour le faire périr. Mais à la prière d'André, un tonnerre horrible épouvanta les assistants, et un tremblement de terre les renversa tous, en même temps que la femme, frappée de la foudre, était desséchée. Tous conjurèrent alors l’apôtre de ne pas les perdre. Il pria pour eux et le calme se fit. Le juge crut ainsi que toute sa maison.
* Adias, Saint André, c. VI.
Capilla de San Andrés, Segovia Cathedral Attribution: Zarateman
Un jour quarante hommes vinrent par mer trouver l’apôtre afin de recevoir de lui la doctrine de la foi, mais le diable excita une tempête, qui les engloutit tous. Leurs corps ayant été rejetés sur le rivage, furent portés à l’apôtre et tout aussitôt ressuscités. Ils racontèrent tout ce qui leur était arrivé.
De là vient qu'on lit dans une des hymnes de son office : « Il rendit à la vie quarante personnes que les flots avaient englouties. » Maître Jean Beleth dit en traitant de la fête de saint André, qu'il avait le teint brun, la barbe épaisse et une petite taille.
* Abdias, Saint André, c. VII.
* Rationale, c. CLXIV,
This is a part of a scan of an historical document: Title: Schedelsche Weltchronik or Nuremberg Chronicle 1493 Hartmann Schedel Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
1° Il a prévu et prédit sa passion à ses disciples, lorsqu'il dit : « Voici que nous allons à Jérusalem, etc... »
2° Quand saint Pierre voulut l’en détourner il s'indigna fortement et lui dit : « Va-t-en derrière moi; Satan, etc... »
3° Il a clairement annoncé qu'il avait le pouvoir et de souffrir et de ressusciter tout à la fois, lorsqu'il dit : « J'ai la puissance de quitter la vie et de la reprendre. »
4° Il a connu d'avance celui qui le trahissait, lorsqu'il lui donna du pain trempé, et cependant il ne se garda pas de lui.
5- Il choisit l’endroit où il savait que devait venir le traître.
Lui-même assura avoir été témoin de chacun de ces faits ; il ajouta que c'était un grand mystère que celui de la croix. Égée répondit : « On ne saurait appeler mystère ce qui fut un supplice ; cependant si tu n'obtempères pas à mes ordres, je te ferai passer par l’épreuve du même mystère. » André : « Si j'étais épouvanté du supplice de la croix, je n'en proclamerais point la gloire. Or je veux t'apprendre ce mystère de la croix, peut-être qu'en le connaissant tu y croiras; tu l’adoreras et tu seras sauvé. » Alors il commença à lui dévoiler le mystère de la Rédemption et lui en prouva par cinq arguments la convenance et la nécessité.
Le premier argument est que le premier homme ayant donné naissance à la mort par le bois, il était convenable que le second homme détruisît la mort en souffrant sur le bois. Le second, que le prévaricateur ayant été formé d'une terre immaculée, il était juste que le réconciliateur naquit d'une vierge immaculée. Le troisième, que Adam ayant étendu la main avec intempérance vers le fruit défendu, il seyait que le second Adam étendît sur la croix ses mains immaculées. Le quatrième, que Adam ayant goûté de l’arbre défendu un fruit agréable, il était convenable que le Christ, lorsqu'il fut abreuvé de fiel, détruisît le contraire par son contraire. Le cinquième est que, pour nous conférer son immortalité, il importait que le Christ prît avec lui notre mortalité : car si Dieu ne s'était fait mortel, l’homme ne fût pas devenu immortel.
Les apôtres André et Jacques, ainsi que Paul sur la châsse de saint Calmin et de sainte Namadie - abbaye de Mozac (63) XIIe siècle Attribution: Photo de l'association Club historique mozacois
Et tout en colère, il le fit enfermer dans une prison. Le matin étant venu, il s'assit sur son tribunal et de nouveau il l’exhorta à sacrifier aux idoles. « Si tu ne m’obéis, lui dit-il, je te ferai suspendre à cette croix que tu as glorifiée. » Et comme il le menaçait de nombreux tourments, André répondit : « Invente tout ce qui te paraîtra de plus cruel en fait de supplice. Plus je serai constant à souffrir dans les tourments pour le nom de mon roi, plus je lui serai agréable.
Alors Égée le fit fouetter par vingt hommes, et le fit lier ensuite à une croix par les mains et par les pieds afin qu'il souffrît plus longtemps. Et comme il était conduit à la croix, il se fit un grand concours de peuple qui disait : « Il est innocent et condamné sans, preuves à verser son sang. » Cependant, l’apôtre pria cette foule de- ne point s'opposer à son martyre. Et quand André aperçut la croix de loin, il la salua en disant :
Saint André crucifié sur une croix en X devant une foule. Deux autres scènes sont représentées sous le texte : Saint André est conduit chez le proconsul en bas à gauche, et il est bastonné en bas à droite. Les Très Riches Heures du duc de Berry :Jean Colombe entre 1485 et 1486 tempera sur vélin hauteur : 29 cm. largeur : 21 cm. Musée Condé Château de Chantilly dans l'Oise Cette image est dans le domaine public car son copyright a expiré.
« Salut, ô croix consacrée par le sang de J.-C., et décorée par chacun de ses membres comme avec des pierres précieuses. Avant que le seigneur eût été élevé sur toi tu étais un sujet d'effroi pour la terre; maintenant en procurant l’amour du ciel, tu es l’objet de tous les désirs. Plein de sincérité et de joie, je viens à toi afin de te procurer la joie de recevoir en moi un disciple de celui qui a été pendu sur toi. En effet toujours je t'ai aimée et ai désiré t'embrasser. O bonne croix qui as reçu gloire et beauté des membres du Seigneur. Toi que j'ai longtemps désirée, que j'ai aimée avec sollicitude, que j'ai recherchée sans relâche et qui enfin est préparée à mon âme désireuse, reçois-moi du milieu des hommes, et me rends à mon maître afin qu'il me reçoive par toi, lui qui par toi m’a racheté. »
En disant ces mots, il se dépouilla de ses vêtements qu'il donna aux bourreaux. Alors ceux ci le suspendirent à la croix, comme il leur avait été prescrit. Pendant deux jours qu'il y vécût, il prêcha à vingt mille hommes qui l’entouraient. Cette foule menaçait Égée de le faire mourir, en disant qu'un saint doux et pieux ne devait pas ainsi périr; Egée vint pour le délivrer. A sa vue André lui dit: « Pourquoi viens-tu vers nous? Si c'est pour demander pardon, tu l’obtiendras; mais si c'est pour me détacher, sache que je ne descendrai pas vivant de la croix. Déjà en effet je vois mon roi qui m’attend. » Et comme on voulait le délier, on ne put y parvenir, parce que les bras de ceux qui essayaient de le faire devenaient paralysés.
Pour André, comme il voyait que le peuple le voulait délivrer, il fit cette prière sur la croix, comme la rapporte saint Augustin en son livre de la Pénitence. « Ne permettez pas, Seigneur, que je descende vivant, il est temps que vous confiiez mon corps à la terre, car tant que je l’ai porté, tant j'ai veillé à sa garde ; j'ai travaillé à vouloir être délivré de ce soin, et à être dépouillé de ce très épais vêtement. Je sais combien je l’ai trouvé lourd à porter, redoutable à vaincre, paresseux à enflammer et prompt à faiblir. Vous savez, Seigneur, combien il était porté à m’arracher aux pures contemplations ; combien il s'efforçait de me tirer du sommeil de votre charmant repos. Toutes et quantes fois il me fit souffrir de douleur. Chaque fois que je l’ai pu, Père débonnaire, j'ai résisté en combattant et j'ai vaincu avec votre aide. C'est à vous, juste et pieux rémunérateur, que je demande de ne plus me confier à ce corps: mais je vous rends ce dépôt. Confiez-le à un autre, et ne m’opposez plus par lui d'obstacles. Qu'il soit conservé et rendu à la résurrection, afin que vous retiriez honneur de ses œuvres. Confiez-le à la terre afin de ne plus veiller, afin qu'il ne m’empêche pas de tendre avec ardeur et librement vers vous qui êtes la source d'une vie de joie intarissable. » (Saint Augustin, De vexa et falsa poenit., c. VIII).
Vitrail de l'abside de l'église Saint-Gervais de Rouen représentant André. Attribution: Giogo
* Abdias, Saint André, c. XXVI..
« Je vous en conjure, Seigneur; lui dit-elle, ayez pitié de moi : car jeune encore, ainsi que vous le voyez, élevée dans les délices dès mon enfance, issue même de race royale, je suis venue seule ici sous l’habit des pèlerins. Le roi mon père, prince très puissant, voulant me marier à un grand personnage; je lui ai répondu que j'avais en horreur le lien du mariage, puisque j'ai consacré ma virginité pour toujours à J.-C. et qu'en conséquence je ne pourrais jamais consentir à la perdre. Pressée d'obéir à ses ordres, ou de subir sur la terre, différents supplices, je pris secrètement la fuite, préférant m’exiler que de violer la foi jurée à mon époux. La renommée de votre sainteté étant parvenue à mes oreilles, je me suis réfugiée sous les ailes de votre protection, dans l’espoir de trouver auprès de vous un lieu de repos où je puisse jouir en secret des douceurs de la contemplation, me sauver des naufrages de la vie présente, enfuir le bruit et les agitations du monde. »
Plein d'admiration pour la noblesse de sa race, la beauté de sa personne, sa grande ferveur, et l’élégance remarquable de ses paroles, l’évêque lui répondit avec bonté et douceur
« Soyez tranquille, ma fille; ne craignez point, car celui pour l’amour duquel vous avez méprisé avec tant de courage et vous-même, et vos parents et vos biens, vous accordera, pour ce sacrifice, le comble de la grâce en cette vie et la plénitude de la gloire en l’autre. Aussi moi qui suis son serviteur, je m’offre à vous avec ce qui m’appartient: choisissez l’appartement qu'il vous plaira, et je veux qu'aujourd'hui vous mangiez avec moi. »
« Veuillez, ah! veuillez, dit-elle, mon Père, ne pas exiger cela de moi, de peur d'éveiller quelque mauvais soupçon et de porter quelque atteinte à l’éclat de votre réputation. »
« Nous serons plusieurs, lui répondit l’évêque, nous ne serons pas seuls, et ainsi il n'y aura pas lieu de fournir eu quoi que ce soit l’apparence à mauvais soupçon. »
Reliquary chest of Saint Servatius in the Treasury of the Basilica of Saint Servatius, Maastricht, Netherlands. Detail of the Saint Peter side of the chest, with Saint Peter (left) and Saint Andrew (right). Mosan (Maastricht?), gilded copper over wood.Attribution: Kleon3
« Qu'on lui propose, dit-elle, quelque question difficile ; s'il sait la résoudre, qu'on l’introduise; s'il ne le peut, qu'on l’éloigne, comme un ignorant, et comme une personne indigne de paraître devant l’évêque. »
On applaudit à la proposition, et l’on se demande qui sera capable de poser la question. Et comme on ne trouvait personne :
«Quelle autre, madame, reprit l’évêque, peut mieux poser la question que vous qui l’emportez sur nous autres en éloquence et dont la sagesse brille au-dessus de la nôtre à tous? Proposez donc vous-même une question. »
« Qu'on lui demande, dit-elle, ce que Dieu a fait de plus merveilleux dans une petite chose. »
Le pèlerin auquel un messager porta la question répondit:
« C'est la variété et l’excellence du visage. Parmi tant d'hommes qui ont existé depuis le commencement du monde, et qui existeront dans l’avenir, on n'en saurait rencontrer deux dont les visages soient semblables en tout point, et cependant, dans une si petite figure, Dieu a placé tous les sens du corps. »
En entendant cette réponse on s'écria avec admiration :
« C'est vraiment une excellente solution à la demande. »
Alors la dame dit :
« Qu'on lui en propose une seconde plus difficile qui mette sa science à meilleure épreuve : « Qu'on lui demande où la terre est plus, haute que le ciel tout entier. »
Le pèlerin interrogé répondit:
« Dans le ciel empyrée, où réside le corps. de J.-C. Le corps du Christ en effet, qui est plus élevé que tout le ciel, est formé de notre chair; or notre chair est une portion de la substance de la terre: comme donc le corps du Christ est au dessus de tous les cieux, et qu'il tire son origine de notre chair, que notre chair est formée de la terre, il est donc constant que là où le corps de J.-C. réside, là certainement la terre est plus élevée que le ciel. »
St.Olai cathedral in Helsingør. Choir stalls ( 1652 ): Saint Andrew Attribution: Wolfgang Sauber
« Qu'on lui pose de nouveau une troisième question très grave, compliquée, difficile à résoudre, obscure, afin que, pour la troisième fois, il soit prouvé qu'il est digne à juste titre d'être admis à la table de l’évêque. Demandez-lui quelle distance il y a de la terre au ciel. »
Le pèlerin répondit à l’envoyé qui lui portait la question:
« Allez le demander à celui-là même qui a posé la demande. Il le sait certainement et il pourra répondre mieux que je ne le ferais ; car lui-même a mesuré cette distance, quand du ciel il est tombé dans l’abîme; pour moi je ne suis jamais tombé du ciel et n'ai jamais mesuré cet espace. Car ce n'est pas une femme, mais le diable qui s'est caché sous la ressemblance d'une femme. »
A ces paroles le messager fut pâmé, et répéta devant tous les convives ce qu'il avait entendu. Tandis que l’étonnement et la stupeur ont saisi les convives, le vieil ennemi a disparu. L'évêque, rentrant en lui-même, se reprochait amèrement sa conduite et demandait avec lamentations le pardon de la faute qu'il avait commise. Il envoya aussitôt pour qu'on introduisît le pèlerin, mais on ne lé trouva plus. L'évêque convoqua le peuple, lui exposa de point en point ce qui s'était passé, et commanda des jeûnes et des prières pour que le Seigneur daignât révéler quel était ce pèlerin qui l’avait sauvé de si grand péril. Et cette nuit-là même, il fut révélé à l’évêque que c'était saint André qui, pour le délivrer, avait pris l’extérieur d'un pèlerin. L'évêque redoubla de dévotion envers le saint apôtre et il ne cessa de donner des preuves de sa vénération pour lui.
* Bréviaire romain.
** Saint Grégoire de Tours, ubi supra.
* D'après saint Grégoire de Tours, De gloria nnartyrum, l. I, c. LXXIX, cet homme était Gomacharus, comte de la ville d'Agde, vers la fin du VIe siècle.
Bywell St. Andrew - stained glass window: St. Andrew See 1573180.From geograph.org.uk Attribution: Mike Quinn
« Qu'on n'allume plus ces lumières, jusqu'à ce que le Seigneur se venge lui-même de son ennemi, et que l’église recouvre ce qu'elle a perdu. »
Et voilà que le prévôt eut encore de très fortes fièvres; il envoya alors demander à l’évêque de prier pour lui, l’assurant qu'il rendrait son champ, et en surplus un autre de la même valeur. Comme l’évêque lui faisait répondre toujours :
« J'ai déjà prié, et Dieu m’a exaucé, » le prévôt se fit porter chez le prélat et le força d'entrer dans l’église pour prier.
A l’instant où l’évêque entre dans l’église, le prévôt meurt subitement et le champ est restitué à l’église.
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