mercredi 15 mai 2013

Les années 90 (de 90 à 99) Culture

Religion et philosophie
v. 90-95 : le « synode » de Jamnia fixe le canon de la Bible juive.
Après la destruction du Second Temple en 70 après J.-C., Rabbi Yohanan ben Zakkaï se réimplanta dans la ville de Yavne/Jamnia et y fonda une école de loi juive, qui devint une source majeure de la Mishna ultérieure. Son école est souvent considérée comme une source du judaïsme rabbinique. Le synode de Jamnia ou synode de Yavne se réfère à un synode proto-rabbinique hypothétique sous le leadership de Yohanan qui était responsable de la définition du canon de la Bible hébraïque.

v. 95 : le pape Clément écrit sa « Lettre aux Corinthiens  » (Prima Clementis) après les troubles de la communauté chrétienne de Corinthe.
L'auteur suggère le rétablissement dans leur fonction des pasteurs légitimes et appelle les révoltés à l’obéissance envers ces derniers. Ce texte peut témoigner de la structure hiérarchique de la communauté chrétienne dont le gouvernement semble encore de type collégial à ce moment.
Cette épître adressée au nom de "L'Église de Dieu qui séjourne à Rome à l'Église de Dieu qui séjourne à Corinthe" est perçue dans la tradition catholique comme un premier document post-apostolique en faveur de la préséance de l'évêque de Rome dans l'Église du Christ, et son rôle déjà accepté d'arbitrage, bien que la communauté chrétienne de Rome relève d'une direction collégiale au moins jusqu'au début du IIIe siècle.
Cette lettre rédigée en grec et dans un style simple et clair, est un véritable exposé sur la foi telle qu'elle était vécue à la fin du Ier siècle. Il s'agit d'un des plus anciens textes théologiques du christianisme, si l'on excepte les Évangiles et autres écrits apostoliques. L'auteur cite l’Écriture dans la version des Septante et on relève des citations ou des emprunts libres à Euripide et à Sophocle ainsi que des éléments de la pensée stoïcienne.

96 : date traditionnelle de la rédaction de l'Apocalypse.
L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore Livre de la révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ  suivant les premiers mots du texte, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique.
L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle par un auteur judéo-chrétien nommé Jean qui résidait à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre. Une autre tradition, contestée dès son apparition au IIe siècle, estime que le même auteur aurait écrit l'évangile selon Jean.


 In his later years Henry Dunant settled in Heiden, Switzerland, where he lived in seclusion until he was awarded the Nobel Peace Prize in 1901. Fascinated by the Book of Daniel and the Apocalypse, he drew four diagrams representing his prophetic concept of history. Dunant was firmly convinced that the end of the world was at hand...1890 travail personnel Henry Dunant

Étymologiquement, le mot « apocalypse » est la transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokálupsis) signifiant « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation » et appartient à un genre littéraire juif puis chrétien de type ésotérique — la littérature apocalyptique — qui présente une grande diversité mais qui a en commun un goût prononcé pour l'allégorie ainsi que pour le symbolisme et dont l’Apocalypse de Jean constitue un modèle du genre.
Le texte, d'essence prophétique et dont l'auteur se réclame d'Ézéchiel, se présente ainsi comme une « révélation de Jésus-Christ » qui dévoile à Jean « quel est le sens divin de son époque et comment le peuple de Dieu sera bientôt délivré ».

Tacite dans Germania décrit une procession destinée à honorer la déesse Nerthus : un char vide recouvert d’un voile y est promené, la déesse est censée être à l’intérieur.
Nerthus est une divinité de la fertilité évoquée par Tacite dans sa Germanie. Elle était vénérée de la façon suivante par des peuples vivant dans la péninsule du Jutland :
«Puis viennent les Reudignes et les Avions et les Angles et les Varins et les Eudoses et les Suardones et autres Nuitons, qui sont protégés par des cours d'eau et des forêts. Il n'y a rien de bien particulier à signaler pour chacun d'eux, excepté le culte qu'ils rendent en commun à Nerthus, autrement dit à la Terre Mère. Ils croient qu'elle intervient dans les affaires humaines et qu'elle se fait conduire auprès de leurs peuples.
Dans une île de l'Océan s'étend une forêt sainte. Elle abrite un char consacré, que dissimule un voile. Un seul prêtre est autorisé à le toucher. Il prend conscience de la présence de la déesse dans le sanctuaire, fait atteler le char par des génisses et le suit avec grande vénération. Viennent alors des jours de liesse. C'est la fête dans les endroits que la déesse juge dignes de l'accueillir et de l'héberger. On n'entame pas de guerres, on ne prend pas les armes. Tout fer est enfermé. Ce n'est qu'alors qu'on connaît le calme de la paix, ce n'est qu'alors qu'on l'apprécie. Il en est ainsi jusqu'à ce que le même prêtre rende à son temple la déesse comblée par son séjour chez les mortels.
Ensuite le char et le drap et, si on le trouve crédible, la divinité elle-même sont immergés dans un lac à l'abri des regards. Ce rite est accompli par des esclaves que ce même lac immédiatement engloutit. De là, la peur du mystère et l'inviolable ignorance de ce que seuls voient des êtres qui vont mourir. »
— Tacite, La Germanie, XL 2 à XL 41

Art et culture

Statue de Domitien à Vaison-la-Romaine.

 Domitien, Musée archéologique Theo Desplans Auteur de la photo derivative work: Steerpike (talk)

Les céramiques gauloises de La Graufesenque (Aveyron) sont massivement exportées dans l'Empire entier.
Examples of Early Roman terra sigillata produced at Graufresenque near Millau, France.Auteurde la photo Nfhudson

Littérature
92-94 : De institutione oratoria, (Institution oratoire), de Quintilien, 12 volumes sur l'éducation de l'orateur.
Quintilien est un rhéteur et pédagogue latin du Ier siècle après J.-C.. Il est l'auteur d'un important manuel de rhétorique, l'Institution oratoire, dont l'influence sur l'art oratoire se prolongea pendant des siècles.
Son œuvre la plus importante reste le De institutione oratoria, qu'on traduit souvent par Institution oratoire, ou De l'institution oratoire, au sens humaniste du terme, c'est-à-dire Au sujet de la formation de l'orateur. L'œuvre compte 12 livres qui nous sont intégralement parvenus.
Si, dans les deux premiers livres, Quintilien donne une idée du parcours que doit suivre un enfant - surtout l'enfant de riches citoyens qui ont le moyen de payer un grammaticus - pour être formé à l'art oratoire, c'est dans son troisième livre qu'il décrit, de façon théorique, les cinq étapes qui caractérisent cet art oratoire :
inventio (« l'invention ») : trouver quoi dire.
dispositio (« la disposition ») : savoir organiser ce qu'on va dire.
elocutio (« l'élocution ») : choisir la façon pour le dire.
actio (« l'action ») : savoir allier la parole et le geste.
memoria (« la mémoire ») : retenir ce qu'on doit dire.
Quintilien achève ce livre par la description des trois genres caractéristiques de l'éloquence, description qu'il emprunte à l'œuvre d'Aristote, Poétique et rhétorique :
genre judiciaire
genre démonstratif ou épidictique
genre délibératif ou sumbouleutique
Le quatrième livre aborde les parties du discours, c'est-à-dire l'exorde (le début ou préambule), puis en particulier la narration, puis aussi plus rapidement la digression, la proposition et la division, ce qui correspond aux parties traditionnellement distinguées dans les manuels rhétoriques de l'époque.
Un vers prétendument attribué à Quintilien est resté célèbre : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando : « Qui, quoi, où, avec quels moyens, pourquoi, comment, quand ? » Ce principe, aussi appelé « QQOQCP » renferme ce qu'on appelle en rhétorique les circonstances : la personne, le fait, le lieu, les moyens, les motifs, la manière et le temps. Quintilien a en effet disserté sur ces loci argumentorum, mais ne les a jamais mis sous forme de questions.

Le poète latin Stace achève sa Thébaïde (v. 92), rédige les Sylves (v. 89-96) et l'Achilléide (v.94-95).
Stace (Publius Papinius Statius) est un poète en langue latine de la Rome antique, né à Naples vers 40.
Son œuvre se partage entre deux épopées, la Thébaïde et l’Achilléide, dont il espère qu'elles vont lui apporter l'immortalité poétique, et les Silves, cinq livres (32 pièces) pour la plupart composés en hexamètres dactyliques.
La Thébaïde est une épopée en douze chants qui a pour objet la guerre que soutient Polynice et ses alliés, Tydée et Capanée, contre Étéocle, son frère, roi de Thèbes.
L’Achilléide, restée inachevée après le deuxième chant, décrit l'enfance d'Achille auprès du centaure Chiron, ou parmi les filles de Lycomède.
Les Silves (ou Impromptus) sont de courts poèmes de circonstance, regroupés en cinq livres. Le cadre en est la haute société romaine à une époque où les mécènes sont devenus rares. Stace ne manque donc aucune occasion de célébrer les grands (dont bien sûr l'empereur Domitien) sur des sujets très variés (fêtes, naissances, mariages...). Ce sont des tableaux de la vie romaine composés dans un style spontané et naturel. Stace en effet ne met jamais plus de deux jours pour écrire des pièces dont certaines comptent plus de 300 vers.
Postérité
Stace est un personnage de la Divine Comédie de Dante. Il apparaît au Purgatoire, pour guider le narrateur avec Virgile. Quand Virgile disparaît, à la fin du Purgatoire, Stace reste avec le narrateur et entre au Paradis.

v. 92-93 : Juste de Tibériade publie une Histoire synoptique des Juifs et autres peuples.
Juste de Tibériade était un écrivain et historien juif du Ier siècle qui fut l'un des dirigeants du soulèvement des juifs de Galilée contre les Romains en 66.
Il est l'auteur d'une Guerre des juifs, probablement écrite en grec, qu'il ne publie qu'après la mort d'Agrippa (100) qu'il présente sous un jour défavorable. Cette œuvre est mentionnée par Eusèbe de Césarée et Jérôme de Stridon, mais indirectement, Flavius ayant probablement œuvré à la disparition des travaux de son rival.
Juste est également l'auteur d'une Chronique du peuple juif, de Moïse à la mort d'Hérode Agrippa II. Photius de Constantinople la décrit comme étant rédigée dans des formes sommaires. Il est vraisemblable que plusieurs auteurs plus tardifs aient utilisé ce matériau dans leurs propres travaux, à l'instar de Sextus Julius Africanus, Eusèbe et de l'historien byzantin Syncellus. Certains chercheurs pensent que Flavius Josèphe a utilisé Juste pour ses Antiquités.
De ces deux œuvres, il ne reste que quelques fragments. Jérôme de Stridon en mentionne une troisième, un court commentaire sur les Écritures sans qu'on en sache davantage.

v. 93-94 : Flavius Josèphe achève ses Antiquités judaïques.
 Joseph fils de Matthias le Prêtre, plus connu sous son nom latin de Flavius Josèphe, né à Jérusalem vers 37 et mort à Rome vers 100, est un historiographe judéen d'origine juive et de langue grecque du Ier siècle, considéré comme l'un des plus importants de l'Antiquité gréco-romaine.
Son œuvre est une des sources principales sur l'histoire des Judées du Ier siècle et concernant les événements et conflits de son temps entre Rome et Jérusalem, même si elle n'est pas sans poser de problèmes aux historiens actuels.
Les Antiquités judaïques (93) : récit de vingt livres, inspiré par les Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, adaptant l'histoire du peuple juif à la mentalité romaine. Si la première partie n'est qu'une adaptation de la Bible, les dix derniers livres constituent un document historique de tout premier ordre. Traduction Étienne Nodet, livres I à XI, Éditions du Cerf, 1992-2010.

94 : Stace échoue au concours de poésie latine des Jeux capitolins ; il se retire de Rome à Naples.

Architecture
97 : inauguration du forum de Nerva à Rome, commencé sous Vespasien.

 Détail de la frise du mur latéral du forum de Nerva. Travail personnel de Cassius Ahenobarbus

Wikipédia

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