dimanche 1 juillet 2012

Abbaye de Sablonceaux

La commune de Sablonceaux se situe dans le sud-ouest du département de la Charente-Maritime, dans l'ancienne province de la Saintonge.


L'abbaye de Sablonceaux est une abbaye augustinienne fondée en 1136 par le duc d'Aquitaine et comte de Poitou Guillaume X de Poitiers.
Elle fut fondée aux environs de l'an 1136, quand Guillaume X de Poitiers, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, offrit quelques unes de ses possessions à l'église pour se faire pardonner de son soutien à l'antipape Anaclet II.


Convaincu de son erreur par Bernard de Clairvaux, lequel avait mandaté auprès de Guillaume l'un de ses amis, l'ermite Geoffroy de Lauroux, il fonda deux abbayes : l'une en terre poitevine, à Fontenay-le-Comte ; l'autre en terre saintongeaise, dans un endroit isolé entouré d'une immense forêt, la forêt de Baconais : Sablonceaux.


La charte publiée par Guillaume X développe les terres qu'il donne à l'abbaye pour assurer sa subsistance future :
« tout ce que je possède dans Maleville et tout ce que j’ai dans l’endroit appelé Saint Romain de Benet et dans cette paroisse tant en landes qu’en marais et terres cultivées ou incultes et tout ce qui m’appartient sur le terrier de Toulon et dans le marais y joignant et aussi les terres cultivées ou incultes qui s’étendent à l’entour. »
« Je donne aussi le lieu de Bertesil, avec ses landes et ces marécages, lesquels marécages s’étendent du lieu de Sablonceaux jusque vers le col de Molendin. »
« Je l’ordonne aussi le lieu qui se nomme Monsagro, avec les bois, les terres cultivées ou incultes, douces ou salées, avec tout ce qui s’y trouve et en dépend, soit en volatiles, quadrupèdes et poissons et tout ce que j’ai en ce lieu y compris la lande de la Chevre-pendante qui s’étend jusque vers le bois que l’on appelle maintenant de Vollan. »
« Et je donne la lande qui se nomme d’Arbre-courbe, qui s’étend depuis le lieu ci-dessus désigné jusque vers la gorge de Taveau. »


Geoffroy de Lauroux (ou de Lorroux) en devint le premier abbé. Cependant, il n'aura guère le temps de fréquenter l'abbaye, du fait de sa nomination comme évêque de Bordeaux, c'est-à-dire primat d'Aquitaine.
L'abbaye, placée sous la règle de Saint-Augustin (abbaye augustinienne) prospéra rapidement, du fait de la double protection du duc d'Aquitaine et de l'archevêque de Bordeaux. Les travaux de l'église abbatiale semblent avoir déjà été en cours en 1160. Celle-ci sera aussi imposante que dépouillée, comprenant une nef à file de coupoles et une abside romane. Le 17 mars 1189, le duc de Brunswick, gouverneur de l'Aquitaine au nom de son oncle Richard cœur de Lion, roi d'Angleterre, fit de grandes libéralités aux religieux de Sablonceaux. Ceux-ci devinrent par ailleurs de puissants propriétaires fonciers, gérant forêts, exploitations agricoles, et surtout marais salants.


Au XIIIe siècle, l'abbaye possédait plusieurs dépendances, allant des paroisses de l'Ilatte et de Monsanson aux terres agricoles de Berthegille, Sommiers, Malleville, en passant par les marais salants de L'Aubat et de Malaigre. Dîmes et prélèvements permirent l'agrandissement des bâtiments abbatiaux.


Le temps des troubles
Cependant, les rivalités franco-anglaises vinrent fortement perturber cette partie de la Saintonge. L'anarchie s'installa et des bandes armées mirent à sac le pays. Durant cette période, l'abbaye fut pillée, et l'église abbatiale considérablement endommagée. Au XIVe siècle, les religieux rebâtirent le chœur, remplaçant l'abside romane par un chevet plat d'inspiration cistercienne. Le clocher primitif, bâti à la croisée du transept, fut remplacé par la tour gothique actuelle, laquelle s'élève sur le croisillon sud.


Le calme retrouvé au XVe siècle fut de bien courte durée. Lors des guerres de religion, Sablonceaux devint l'un des bastions catholiques d'une région largement ouverte aux idées réformées. Lorsque survinrent les premiers combats, notamment lors du siège de Pons, l'abbé de Sablonceaux mobilisa ses vassaux et gens d'armes contre les troupes protestantes. Cependant, en 1568, les troupes protestantes prirent l'abbaye, la pillèrent et l'incendièrent une première fois.


Ce premier assaut passé, Sablonceaux vécut une seconde décrépitude quand les moines perdirent de vue leurs idéaux monastiques et se comportèrent de façon dissolue, en particulier avec l'essor du régime de la commende :
« Gabriel Martel, dernier Abbé régulier de Sablanceaux, depuis 1615 jusqu’en 1621, ne résidoit plus dans cette abbaye, & s’emparoit de presque tous les revenus ; alors les Religieux demandèrent en Cour de Rome un Abbé commendataire. [...] Les religieux n’avoient pas alors une conduite fort régulière, & leurs mœurs déréglées ne devoient pas inspirer beaucoup de respect aux Catholiques, & encore moins aux Protestans. Lorsqu’en 1633, Henri d’Escoubleau de Sourdis, Archevêque de Bordeaux, fut nommé Abbé commendataire de Sablanceaux, il ne put voir sans indignation la vie scandaleuse des Moines. Pour remédier à ces maux, il prit le parti extrême de renvoyer, sans exception, tous les Religieux de cette communauté, de les disperser en leur donnant des pensions, & de les remplacer par des Religieux plus exemplaires. »


Une seconde attaque intervint bien plus tard, en 1622. L'utilisation par le chef protestant Soubise de trois pièces d'artillerie causa d'importants dégâts. Plusieurs siècles après, en 1840, on retrouvera encore des boulets issus de cette bataille dans les combles de l'église abbatiale.


La reconstruction
En 1633, l'abbaye passa sous le contrôle de l'abbaye de Chancelade, située en Périgord.
L'évêque de Lescar, Monseigneur de Maisonnoble, qui fut abbé commendataire de 1715 à 1763 initia à partir de 1723 une campagne de restauration de l'église et des bâtiments abbatiaux. Le Mobilier liturgique de l'église est rénové, accueillant un retable baroque. Un nouveau logis abbatial fut édifié. En 1784, le dernier abbé commendataire, Marie-Nicolas de Bourgogne, vint prendre possession des lieux.


La déchéance
Durant l'époque révolutionnaire, l'abbaye est vendue comme bien national. Un commissaire de la marine de Rochefort, Charles Le Moine, en fait l'acquisition peu après, pour la somme de 39 320 livres. Il transforme l'abbaye en carrière de pierre, et pour ce faire fait démolir une partie des bâtiments conventuels. Le château abbatial est démantelé, de même qu'une partie de la nef de l'église, qui apparaît encore intacte sur une gravure de 1794.


Celle-ci, à demi ruinée, est rendue au culte au début du XIXe siècle, puis fermée de nouveau en 1838 sur décision de l'évêque de La Rochelle et Saintes, à cause du danger qu'elle représente. Néanmoins, un prêtre prend ses fonctions en 1847 : Eusèbe Brager. Un presbytère est construit en 1856. Des réparations d'urgence, effectuées par la municipalité, ne suffisent pas à sécuriser l'édifice, qui menace de s'écrouler.


Dans le même temps, des démarches auprès du Ministère de l'Intérieur sont entreprises par le maire de l'époque pour sauvegarder le bâtiment. L'église ne sera finalement classée aux monuments historiques qu'en 1907. Des travaux d'urgence sont effectués par la commission des Beaux-Arts, mais le sanctuaire est toujours en péril.


De multiples reconversions
Les bâtiments conventuels sont finalement vendus à la municipalité par la famille Le Moine en 1912. Faute de crédits pour entretenir un bâtiment voué à la ruine, celle-ci revend l'abbaye (hormis l'église) au docteur Martz, qui en fera un centre de cures de santé. Cette reconversion inattendue n'empêche pas de nouveaux bâtiments de s'effondrer, dont le logis du prieur vers 1920. En 1925, une partie de la salle capitulaire connaît le même sort.


En 1940, l'abbaye, achetée par la famille Cornardeau, est transformée en orphelinat par Paule Cornardeau, surnommée « Maman Paule ». L'orphelinat accueille vingt enfants en 1941, il y en a presque une centaine en 1944. Après-guerre, l'abbaye accueillera une laiterie, où sera fabriqué notamment le camembert « Le vieux porche ».


La renaissance
À partir de 1962 commence le chantier de restauration de l'église, sous l'impulsion d'André Malraux, alors ministre de la Culture. Il faudra vingt ans pour remettre en état le sanctuaire.
En 1986, la famille Cornardeau choisit de vendre les bâtiments conventuels. Ceux-ci sont rachetés en 1987 par le diocèse de La Rochelle et Saintes.


L'abbaye est ensuite confiée à la Communauté du Chemin Neuf avec la triple mission d'en faire :
un centre spirituel,
un centre d'accueil pour des retraites ainsi que pour les visiteurs et les touristes,
enfin un centre artistique.
L’abbaye a depuis retrouvé sa dimension religieuse avec les offices et l’eucharistie célébrés quotidiennement.
L'abbaye a ouvert un atelier de céramiques, une biscuiterie et un magasin de produits monastiques.
C’est aussi un lieu culturel pour des expositions et des concerts.

Wikipédia

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