vendredi 18 novembre 2011

Jean de hauteville

Jean de Hauteville, ou Jean d'Hauville, poète latin du XIIe siècle. On ne sait rien de sa vie, si ce n'est que, Normand, il a résidé en Angleterre. Son nom même est incertain; on l'écrit Hauteville, Anville, Hanteville, Hauville, etc. Il a dédié son ouvrage à Gautier de Coutances , au moment où ce prélat venait d'être transféré de l'évêché de Lincoln à l'archevêché de Rouen (1184).

Cet ouvrage est intitulé Archithrenius, archi threnios, c. -à-d. princeps lamentationum.
Le héros du poème porte ce singulier nom parce qu'il se lamente perpétuellement sur les misères et sur les vices de la société. Archithrenius est un jeune homme qui fait d'abord une confession générale de ses fautes, gémit sur l'indignité de la nature humaine et déclare qu'il va se mettre à la recherche de la Nature pour lui demander conseil. Il commence son voyage, et visite d'abord le palais de Vénus (l. I), puis le pays de la Gourmandise (l. II). Après avoir pris congé des Ventricoles, il arrive à Paris où il espère ne trouver que des sujets de joie ; mais son attente est trompée, et le I. III est tout entier consacré à la description des misères de la vie d'écolier dans l'Université de Paris. Au commencement du I. IV, Archithrenius, toujours désolé, est sur la montagne de l'Ambition, séjour des rois ; il y rencontre le luxe, l'avidité, la corruption, la bassesse. Mais il aperçoit tout à coup un monstre horrible, dont la tête s'élève jusqu'aux cieux : c'est la Cupidité ; il disserte sur ce vice, particulièrement sur l'avarice des prélats (I. V). Au VIe livre, le pleureur est transporté subitement dans l'île de Thulé, séjour des anciens philosophes, qui passent leur temps à déclamer contre les vices ; il entame avec eux une conversation pessimiste qui dure jusqu'au IXe livre. Il ne se consolerait pas s'il n'avait, enfin, une vision : la vision d'une jeune déesse charmante, la Nature, qui lui apparaît au milieu d'une plaine fleurie, entourée d'un nombreux cortège. Il tombe à ses pieds. Elle lui débite, pour commencer, plus de cinq cents vers sur la philosophie naturelle ; ayant ensuite écouté sa requête, elle prend pitié de lui et lui fait épouser une jolie femme, qui s'appelle la Modération. Archithrenius cesse de pleurer, et il écoute avec componction les conseils que la Nature lui prodigue au sujet de ses devoirs conjugaux.

Tel est le meilleur des grand poèmes moraux du XIIe siècle; car Jean de Hauteville écrivait mieux, que Bernard de Morlas et Henri de Settimello. Archithrenius eut un grand succès. Le succès de cette œuvre fit qu’elle fut souvent copiée et modifiée avant sa première impression par Josse Bade à Paris en 1517. Il fut imprimé par les soins de Jodocus Badins Ascensius (Paris, 1517, pet. in-4, très rare). Le dernière édition est celle de M. Th. Wright, au t. I de son recueil intitulé Latin Satirieal Poets of the tivel fth century (Londres, '1872, in-8 [Relis Series]). Cf. Histoire littéraire de la France, XIV, pp. 569-79. (L.).

Rien n'est connu de la fin de la vie de Jean de Hauville. Son disciple, Gervase de Melkley, le mentionna au passé dans son œuvre Ars poetica rédigée vers 1210 : Jean de Hauville devait donc probablement être mort à cette date.



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