mardi 13 novembre 2012

Saint Brice

Brice, diacre de saint Martin, était jaloux de lui et souvent il l’accablait d'outrages. Un pauvre en effet étant venu demander Martin, Brice lui dit : « Si tu cherches ce radoteur, lève la tête, c'est celui qui regarde le ciel comme un insensé. » Le pauvre ayant reçu ce qu'il demandait de saint Martin,  le saint homme appela Brice et lui dit : « Je te semble donc un radoteur, Brice ? » Or, comme il avait honte d'avoir ainsi parlé et qu'il le niait, Martin lui dit : « Est-ce que mes oreilles n'étaient pas près de ta bouche quand tu disais cela tout haut.? Je te dis en vérité que j'ai obtenu du Seigneur de t'avoir pour successeur dans l’épiscopat; mais sache que tu éprouveras alors bien des adversités. » En entendant cela, Brice se moquait en disant : « N'ai-je pas dit vrai, que c'était un radoteur? »

Saint Brice et Saint Martin http://saints.bestlatin.net/gallery/brice_bnfms.htm  Richard de Montbaston et collaborateurs.This image (or other media file) is in the public domain because its copyright has expired.

Après la mort de Martin, Brice fut élu évêque, et depuis ce moment il se livra à la prière, et quoique encore orgueilleux, il était toutefois chaste de corps. Or, la trentième année de son épiscopat, une femme qui portait l’habit d'une religieuse, et qui lavait ses vêtements, conçut et mit au monde un fils. Alors tout le peuple se rassembla avec des pierres, à la porte de Brice, en disant : « Par égard pour saint Martin, nous avons caché ta luxure; mais nous ne pouvons plus désormais baiser des mains polluées. » Brice nia vigoureusement le crime qu'on lui imputait. « Amenez-moi l’enfant », dit-il. Quand on lui eut amené cet enfant qui n'avait que trente jours, Brice lui dit : « Je t'adjure, par le fils de Dieu, de déclarer, en présence de tout le monde, si c'est moi qui t'ai engendré. » L'enfant répondit : «Ce n'est pas toi qui es mon père. » Le peuple pressa alors l’évêque de lui demander le nom de son père, et il répondit : « Ceci n'est pas mon affaire; j'ai fait ce qui  m’intéressai. » Alors le peuple attribua tout cela à la magie en disant : « Tu n'exerceras plus désormais sur nous le pouvoir sous le nom mensonger de pasteur. » Alors Brice, pour se justifier, porta, sous les yeux de tous, des charbons ardents jusqu'au tombeau de saint Martin, et quand il les eut jetés, il ne parut pas que son vêtement en eût été atteint, et il dit : « De même que ce vêtement, qui est le mien, -est resté intact, de même mon corps est pur de tout contact avec une femme.» Le peuple, qui n'était point encore convaincu, accabla saint Brice d'outrages et d'injures, et lui enleva sa dignité, afin que la parole de saint Martin s'accomplit. Brice vint alors en pleurant auprès du Pape, y resta sept ans, et effaça par sa pénitence toutes ses fautes envers saint Martin.
Le peuple mit Justinien à sa place, et l’envoya à Rome pour soutenir contre Brice ses droits à l’épiscopat. Mais il mourut en route, dans la ville de Verceil : alors tout, le peuple établit Arménius à sa place ! Sept ans après, Brice revint par l’autorité du pape, et reçut l’hospitalité à six milles de la ville. Or, cette nuit-là même, Arminius rendit l’âme. Brice, qui l’apprit par révélation, dit à ses gens de se lever pour aller en toute hâte avec lui inhumer l’évêque de Tours. Or, comme Brice entrait dans la ville par une porte, par l’autre on portait en terre, le corps d'Arminius. Quand il eut été enseveli, Brice prit son siège qu'il gouverna sept ans avec une conduite digne d'éloge. Il s'endormit en paix la 48° année de son épiscopat.
* Toute cette légende est prise de saint Grégoire de Tours, passim.

La Légende Dorée

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